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Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et 70 nouvelles interpellations
Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et 70 nouvelles interpellations / Photo: Delphine Mayeur - AFP

Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et 70 nouvelles interpellations

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mercredi le déploiement de l'armée pour "sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie, après deux nuits d'émeutes qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, dans l'archipel secoué par la fronde des indépendantistes contre une réforme électorale votée par le Parlement.

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Le haut-commissaire sur ce territoire du Pacifique sud, Louis Le Franc, qui avait demandé le renfort de l'armée pour protéger l'aéroport de Nouméa, fermé jusqu'à nouvel ordre, a pour sa part "annoncé un couvre-feu et interdit TikTok", un réseau social utilisé par les émeutiers, a précisé M. Attal.

Depuis lundi, les forces de l'ordre ont procédé à près de 200 interpellations au total, selon le haut-commissaire.

Le Premier ministre doit à nouveau présider une cellule de crise interministérielle à Beauvau jeudi à 08H30.

 

L'état d'urgence, demandé par le chef de l'Etat, est en vigueur sur le Caillou depuis 20H00 heure de Paris (05H00 jeudi à Nouméa).

Mise en œuvre après les attentats du 13 novembre 2015 ou pendant l'épidémie de Covid-19, cette mesure permet notamment d'interdire déplacements ou manifestations et était réclamée par de nombreuses voix à droite et à l'extrême droite.

 

Dans un communiqué, les leaders de ce mouvement, sans réagir à ces assignations à résidence, ont argué que "les exactions commises (...) n'étaient pas nécessaires", mais étaient "l'expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet et sont marginalisés au quotidien".

- "Nuit plus calme" -

Selon Sonia Backès, ex-secrétaire d'Etat et principale figure du camp non-indépendantiste, la troisième nuit d'émeutes a été moins virulente que les précédentes. "Une nuit beaucoup plus calme à peu près partout", écrit-elle sur sa page Facebook, "due à la mobilisation exceptionnelle des Calédoniens qui protègent leur quartier (...) et à la présence beaucoup plus importante des forces de l'ordre" notamment.

Le bâtiment du Sénat coutumier a cependant été incendié dans la nuit de mercredi à jeudi, a-t-on appris auprès de son service de communication, sans que l'on sache pour l'instant l'ampleur des dégâts. Des coups de feu nourris résonnaient par ailleurs au petit matin dans Nouméa et à Auteuil, un des quartiers pauvres du nord de la capitale, où tous les commerces ont été détruits, a constaté un correspondant de l'AFP. Station-service, pizzeria, coiffeur et supermarché ont notamment été brûlés et pillés.

Les principaux partis politiques du territoire et les autorités avaient appelé au calme la veille, après une vague de violences entamée lundi, la plus grave depuis les années 1980.

Selon le dernier bilan communiqué par l'Elysée, ces violences ont fait trois morts. Un gendarme d'une vingtaine d'années touché à la tête par un tir a également succombé à ses blessures.

Incendies, pillages, affrontements armés entre émeutiers et population ou avec les forces de l'ordre, tout l'archipel est le théâtre depuis lundi d'émeutes particulièrement violentes, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne à Nouméa et dans son agglomération.

Le haut-commissaire a fait état mercredi d'"échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile à Nouméa et Paita" et indiqué avoir fait intervenir les policiers d'élite du RAID contre des émeutiers qui se dirigeaient vers un dépôt de gaz.

- Ultimatum -

En métropole, les députés ont adopté dans la nuit de mardi à mercredi par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral. La réforme constitutionnelle devra encore obtenir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles.

Dans un courrier adressé mercredi aux représentants calédoniens, Emmanuel Macron a précisé que ce Congrès se réunirait "avant la fin juin", à moins qu'indépendantistes et loyalistes ne se mettent d'accord d'ici là sur un texte plus global.

Le texte voté par les sénateurs et maintenant les députés vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de réduire leur poids électoral et "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Mercredi, le président indépendantiste du gouvernement du territoire, Louis Mapou, a "pris acte" de la réforme votée à Paris mais déploré une "démarche qui impacte lourdement notre capacité à mener les affaires de la Nouvelle-Calédonie".

La gauche a réclamé la suspension de cette réforme constitutionnelle. "Tout doit être fait pour retrouver le calme et le dialogue", a plaidé le communiste Fabien Roussel.

Mercredi, faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d'attente devant les magasins, a constaté le correspondant de l'AFP.

- "J'ai peur" -

A Tuband, un quartier de Nouméa, des habitants ont patrouillé dans la nuit de mardi à mercredi armés de bâtons ou de battes de baseball, encagoulés ou casqués.

"Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger", a expliqué à l'AFP un habitant, Sébastien, 42 ans.

Pour contenir les émeutes, d'importants effectifs de policiers et de gendarmes, dont des éléments de leurs deux groupes d'élite, le GIGN et le RAID, ont été mobilisés.

D'autres renforts étaient en cours d'acheminement dans l'archipel, selon Gérald Darmanin. D'après le ministère, 1.800 policiers et gendarmes y étaient déployés mercredi et 500 de plus y arriveront dans les heures qui viennent.

F.Carstens--HHA