A un mois des JO, louer son logement ne rapporte pas tant que ça
A un mois des Jeux olympiques de Paris, des habitants qui pensaient arrondir leurs fins de mois d'été en louant leur logement à prix d'or aux touristes déchantent, et baissent leurs tarifs ou lâchent carrément l'affaire.
"On se voyait déjà avec des liasses de billets pour partir en vacances", s'esclaffe Giulia. Mais cette Parisienne de 28 ans, qui a mis son appartement en location sur Airbnb pour les JO, n'a pas vu tomber la lucrative réservation.
En janvier, cette salariée d'un groupe immobilier, qui habite dans un quartier populaire du 18e arrondissement, au nord de la capitale, demandait un tarif "exorbitant" de 550 euros par nuit.
"Après, c'est descendu à 350, puis à 250, et toujours personne..." C'est quand elle a baissé son tarif à 160 euros, contre 130 en temps normal, qu'une réservation est tombée, une Américaine qui restera 14 nuits pendant qu'elle se fera héberger chez ses parents.
"C'est un plus, ça nous permettra de faire des belles vacances", s'en satisfait-elle.
Adrien Coucaud, publicitaire qui habite le 12e arrondissement, dans l'est de la capitale, n'a pas eu autant de succès.
Par "appât du gain", il a tenté de confier l'appartement où il vit seul à une conciergerie, pour pouvoir accueillir des touristes pendant ses vacances.
L'expérience a tourné au vinaigre.
La conciergerie était aux abonnés absents, et les prix fixés étaient beaucoup trop élevés pour attirer des réservations pendant les JO (26 juillet-11 août).
Même après qu'il a repris la main sur son annonce et baissé ses prix, à 166 euros la nuit, impossible de trouver un hôte pour la période, de sorte qu'il a préféré laisser tomber. "J'arrête là l'aventure, je suis dégoûté", confie-t-il.
- "Un peu vu venir" -
"Comme anticipé, l'augmentation de l'offre disponible pendant les Jeux régule les prix", reconnaît Airbnb dans une déclaration transmise à l'AFP, sans dévoiler de données précises sur les prix pratiqués.
Malgré ces difficultés, "Paris 2024 est en passe de devenir le plus grand événement de l'histoire d'Airbnb, avec plus de voyageurs séjournant chez des hôtes locaux sur notre plateforme que lors de n'importe quel événement auparavant", se félicite le géant de la location touristique.
"Les nuitées réservées au premier trimestre pour des séjours pendant la période des Jeux ont été plus de cinq fois supérieures à ce qu'elles étaient en région parisienne à la même période l'année précédente", ajoute la plateforme américaine.
"On l'avait un peu vu venir", relève Barbara Gomes, élue chargée de la régulation des meublés touristiques à la Ville de Paris. "Il y a eu un phénomène d'inflation dans un premier temps, avec beaucoup de fantasmes sur les prix à la location qui pourraient être faits pendant les Jeux", puis "une baisse des prix", détaille l'élue communiste.
Elle attribue ce phénomène aux départs en vacances des Parisiens, qui en profitent pour mettre leur logement en location, conjugués à l'abondance de l'offre hôtelière.
"Ce n'est jamais une mauvaise nouvelle de pouvoir être hébergé à moindre frais", estime-t-elle, disant n'avoir "aucun problème à ce que quelqu'un qui part en vacances veuille mettre un peu de beurre dans les épinards (...) Ça ne retire de logement à personne".
L'élue ajoute être "attentive" au respect de la réglementation parisienne, qui rend très difficile de louer un logement qui n'est pas une résidence principale.
"Pour tout ce qui est bas de gamme et moyenne gamme, il n'y a pas de poule aux œufs d'or", tranche Raphaël Lorin, président d'Archides, groupe spécialisé dans la location touristique de luxe, "puisque sur 15 millions de touristes il y a 13 millions de Français".
Les Français assistant aux JO se font en effet plus souvent héberger chez des proches, avance-t-il.
"Par contre, les étrangers, ça peut être des gens à très gros budget et consommateurs d'hôtellerie très haut de gamme", affirme Raphaël Lorin.
Th.Frei--HHA