De nouveaux policiers kényans arrivent en Haïti, en renfort contre les gangs
Un nouveau contingent de 200 policiers kényans est arrivé mardi en Haïti pour participer à une mission internationale destinée à rétablir la sécurité dans le pays des Caraïbes en proie à la violence des gangs, ont déclaré à l'AFP les autorités locales.
Le Kenya a proposé de fournir au total un millier de policiers à la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, à laquelle doivent également contribuer le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade. Elle comptera en tout 2.500 personnes.
Selon les autorités haïtiennes, le contingent arrivé mardi porte à 400 le nombre de policiers kényans déployés sur l'île.
"Il y avait 200 policiers kényans, arrivés le 25 juin dernier, auxquels se sont ajoutés 200 aujourd'hui", a déclaré à l'AFP une source au sein du cabinet du Premier ministre haïtien.
La MMAS, soutenue par l'ONU et prévue pour une durée initiale d'un an (jusqu'en octobre 2024), est chargée de soutenir la police haïtienne dans ses opérations contre les gangs et la criminalité, d'assurer la sécurité d'infrastructures et de permettre aux civils d'accéder à l'aide humanitaire".
Haïti souffre depuis longtemps de la violence de ces groupes armés, qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince et des axes majeurs du pays.
Cette violence a redoublé en début d'année et poussé le Premier ministre contesté Ariel Henry à démissionner.
Des sources policières kényanes avaient déclaré à l'AFP à Nairobi que 600 policiers étaient partis pour Haïti, y compris ceux arrivés mardi.
"D'autres partiront bientôt jusqu'à ce qu'on arrive à un millier", selon une de ces sources.
- Vivres critiques -
Le contingent kényan est composé de policiers de plusieurs unités d'élite, notamment de l'escadron antiterroriste Recce Squad qui était intervenu lors des attaques menées par les islamistes radicaux somaliens shebab sur le sol kényan (contre l'université de Garissa en 2015 et les centres commerciaux Westgate et Dusit en 2013 et 2019).
Le déploiement kényan a été approuvé par le Conseil de sécurité de l'ONU mais suscite de vives critiques au Kenya.
Le parti d'opposition "Alliance troisième voie" ("Thirdway alliance") a déposé mi-mai un nouveau recours pour l'empêcher, accusant le gouvernement de passer outre un jugement du 26 janvier qui avait déclaré cette mission "inconstitutionnelle".
Un des dirigeants du parti, Ekuru Aukot, avait déclaré fin juin déposer une "injonction contre le déploiement", accusant le président kényan William Ruto d'être "un esclave de l'Amérique ou des mondialistes et des impérialistes".
Les Etats-Unis cherchaient avec impatience un pays volontaire pour diriger la mission, et fournissent des fonds et un soutien logistique.
Toutefois, le président Joe Biden a catégoriquement exclu la possibilité d'une intervention américaine en Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, où les Etats-Unis sont déjà intervenus dans le passé.
L'ONG Human Rights Watch a exprimé des inquiétudes concernant la mission en Haïti et des doutes quant à son financement.
Et les organisations de défense des droits humains ont accusé à plusieurs reprises la police kényane d'usage excessif de la force et d'exécutions extrajudiciaires, notamment à la suite des manifestations anti-gouvernementales qui ont secoué en juin le pays d'Afrique de l'Est, et où plusieurs dizaines de manifestants ont été tués.
E.Mariensen--HHA