Attaque d'une synagogue à La Grande-Motte: un "drame absolu" évité, Macron dénonce l'antisémitisme
Un "drame absolu" a été évité de justesse samedi matin, lors de l'attaque d'une synagogue à La Grande-Motte (Hérault), a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal qui s'est rendu sur les lieux avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Cette attaque a été qualifié d'"acte terroriste" par le président Emmanuel Macron.
L'homme était porteur d'un drapeau palestinien et a allumé plusieurs incendies et causé une explosion.
Cinq personnes, dont le rabbin, étaient alors présentes dans la synagogue Beth Yaacov, où la prière était prévue à 09h00 en cette fête de shabbat, repos hebdomadaire pour les Juifs. Aucune n'a été touchée. Le seul blessé, léger, est un policier municipal venu sur les lieux pour les départs d'incendie et touché par le souffle de l'explosion.
"Nous pouvons considérer que nous avons échappé à un drame absolu", a déclaré le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal en fin d'après-midi, venu sur place en compagnie notamment du ministre de l'Intérieur démissionaire, Gérald Darmanin.
"Les premiers éléments, notamment de vidéosurveillance, montrent que l'assaillant était extrêmement déterminé et que si la synagogue avait été remplie de fidèles à ce moment-là, (...) probablement qu'il y aurait eu des victimes humaines", a-t-il souligné, précisant que près de 200 membres des forces de l'ordre traquaient le fugitif, qui a pris la fuite à pied.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est rapidement saisi des faits, ouvrant une enquête pour tentative d'assassinats terroristes.
Sur une image circulant sur les réseaux sociaux, dont l'AFP a vérifié l'authenticité, l'auteur présumé de l'attaque, le visage découvert, porte autour de la taille un drapeau palestinien, dont dépasse ce qui semble être la crosse d'une arme de poing. Il a un keffieh rouge sur la tête et tient dans chaque main une bouteille d'eau en plastique remplie d'un liquide jaunâtre.
"Tout est mis en oeuvre pour retrouver l'auteur de cet acte terroriste et protéger les lieux de culte", a insisté le président de la République sur X, rappelant que "la lutte contre l'antisémitisme est un combat de chaque instant, celui de la Nation unie".
M. Attal a lui aussi dénoncé un acte antisémite, ainsi qu'un "climat alimenté par certains" depuis le 7 octobre. "Beaucoup de confusions sont générées par certains qui conduisent à alimenter une haine des juifs dans notre pays", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a régulièrement dénoncé une recrudescence des actes antisémites depuis l'attaque menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
- "Volonté de tuer" -
Perla Danan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) d'Occitanie, a dénoncé auprès de l'AFP une "volonté de tuer", soulignant que "l'été il y a énormément de vacanciers à la Grande-Motte et sur le littoral qui viennent prier ici".
"L'emploi d'une bonbonne de gaz dans une voiture, à l'heure à laquelle on pense que des fidèles arrivent dans une synagogue, ce n'est pas simplement un incendie criminel, pas s'en prendre simplement à un lieu de culte, c'est la volonté de tuer", a renchéri le résident national du Crif, Yonathan Arfi auprès de l'AFP.
Le gouvernement a ordonné le renforcement "immédiat" des gardes statiques devant les lieux de culte juifs, a indiqué M. Darmanin peu après les faits.
La synagogue de la Grande-Motte, dans un immeuble d'un étage, est hors du périmètre historique de la station balnéaire proche de Montpellier, bâtie dans les années 1960 et connue pour ses immeubles inspirés des pyramides précolombiennes. Forte de 8.500 habitants en hiver, la ville en compte près de dix fois plus en été.
L'attaque a suscité de nombreuses réactions politiques.
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement est accusé par ses adversaires politiques d'attiser l'antisémitisme, ce dont il se défend, a dénoncé sur X un "intolérable crime".
La cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a stigmatisé des "attaques inacceptables et inqualifiables (...), conséquence de la montée de l'antisémitisme qui se répand dans notre pays".
Les actes antisémites ont quasiment triplé depuis le début de l'année, avec "887 faits" recensés au premier semestre, avait indiqué le 9 août M. Darmanin, alors qu'on en comptait 304 au cours de la même période en 2023.
Ils avaient déjà fortement augmenté en 2023, notamment après le 7 octobre, selon le ministère de l'Intérieur, qui en a recensé 1.676 sur l'année, "soit quatre fois plus qu'en 2022".
J.Fuchs--HHA