Accusations d'agressions sexuelles: Gérard Depardieu finalement absent à son procès
Gérard Depardieu, visé par de nombreuses accusations de violences sexuelles, sera absent lundi à son premier procès au tribunal de Paris, où il doit être jugé pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage en 2021.
Après avoir dit dans un premier temps que le comédien de 75 ans "entendait" assister à l'audience, son avocat Jérémie Assous a annoncé lundi sur franceinfo qu'il allait demander le renvoi, en raison de "l'état de santé" de son client.
"Gérard Depardieu est extrêmement affecté et malheureusement ses médecins lui interdisent de se présenter à l'audience, raison pour laquelle il va solliciter un renvoi à une date ultérieure afin qu'il puisse être présent", a déclaré Me Assous, ajoutant qu'il souhaitait "s'exprimer" sur les faits, qu'il conteste.
L'audience doit débuter à 13H30 devant la 10e chambre du tribunal correctionnel.
Gérard Depardieu s'était vu remettre fin avril, à l'issue d'une garde à vue, une convocation devant le tribunal "pour des agressions sexuelles susceptibles d'avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film +Les volets verts+" de Jean Becker, avait indiqué le parquet.
Une des deux femmes, décoratrice de cinéma, avait porté plainte en février 2024 contre l'acteur - mis en examen pour viols dans une autre affaire - pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes pendant le tournage de ce film, aboutissant à l'ouverture d'une enquête.
"J'attends que la justice soit la même pour tous et que M. Depardieu ne bénéficie pas d'un traitement de faveur parce qu'il est un artiste", a déclaré à l'AFP son avocate, Me Carine Durrieu-Diebolt.
Gérard Depardieu est "la cible d'accusations mensongères", a asséné Jérémie Assous, pour qui "le but poursuivi vient d'être révélé à travers les demandes d'indemnisation: s'enrichir de 30.000 euros".
Selon la plaignante de 55 ans, les faits reprochés se seraient déroulés en septembre 2021, dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement parisien.
- "Attrapée avec brutalité" -
Dans son récit au site d'investigation Mediapart, cette dernière expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé lors d'une conversation qu'il voulait un "ventilateur", car il ne pouvait "même plus bander" avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir "faire jouir les femmes sans les toucher".
Une heure plus tard, il l'aurait "attrapée avec brutalité" alors qu'elle quittait le plateau.
M. Depardieu l'aurait alors "bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe", puis lui aurait "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à (ses) seins", a-t-elle assuré.
Il lui aurait également tenu des "propos obscènes" tels que "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte".
"Ma cliente attend que la justice acte que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série", a ajouté Me Carine Durrieu-Diebolt.
L'acteur sera aussi jugé pour des violences sexuelles dénoncées dans une plainte par une autre femme, assistante réalisatrice sur le même film.
Lors de ce tournage, "du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries", avait témoigné l'actrice Anouk Grinberg, dans un entretien à l'AFP. "Quand des producteurs de film engagent Depardieu sur un film, ils savent qu'ils engagent un agresseur", avait-elle accusé.
- Menacé d'un autre procès -
Grande figure du cinéma français connue dans le monde entier, fort de plus de 200 films, Gérard Depardieu a été accusé ces six dernières années de violences sexuelles par plusieurs femmes.
Des plaintes pour agressions sexuelles visant l'acteur ont été classées pour prescription.
Mais Gérard Depardieu est sous la menace d'un autre procès: en août, le parquet de Paris a requis son renvoi devant la cour criminelle pour qu'il soit jugé pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould.
Elle avait été la première à porter plainte contre le célèbre acteur en 2018.
"Jamais, au grand jamais je n'ai abusé d'une femme", s'était défendu Gérard Depardieu dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro le 1er octobre 2023.
Quelques semaines plus tard, en décembre 2023, Emmanuel Macron avait choqué les associations féministes en saluant un "immense acteur" qui "rend fière la France", dénonçant "une chasse à l'homme" après la diffusion d'un reportage de "Complément d'Enquête" sur France 2, au cours duquel l'acteur multipliait les propos misogynes et insultants envers les femmes.
Lancé en 2017 pour dénoncer le comportement du producteur américain Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo a déferlé ces dernières années sur le cinéma français.
Plusieurs grands noms ont été accusés de violences sexuelles comme les réalisateurs Jacques Doillon ou Benoît Jacquot.
Th.Frei--HHA