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Au Parlement britannique, début d'un vote hautement sensible sur l'aide à mourir
Au Parlement britannique, début d'un vote hautement sensible sur l'aide à mourir / Photo: JUSTIN TALLIS - AFP

Au Parlement britannique, début d'un vote hautement sensible sur l'aide à mourir

Les députés britanniques ont commencé à débattre vendredi d'une proposition de loi autorisant l'aide à mourir pour certains malades en phase terminale, avant un vote à l'issue incertaine sur ce sujet de société majeur.

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Au delà des sensibilités politiques, chaque élu est appelé à se prononcer dans la journée, selon ses convictions, sur cette proposition de la députée travailliste Kim Leadbeater qui soulève des questionnements éthiques.

Devant la Chambre des Communes, elle a déclaré que son texte, qui concerne l'Angleterre et le Pays de Galles, devait donner "le choix, l'autonomie et la dignité" aux adultes en phase terminale d'une maladie n'ayant que six mois ou moins à vivre. Elle a souligné qu'il était encadré par des "critères très stricts".

Les malades devront être capables d'exprimer un choix éclairé et de prendre eux-mêmes la substance provoquant leur décès. Deux médecins et un juge devront donner leur accord.

En 2015, une proposition de loi sur le suicide assisté avait essuyé un échec cuisant au Parlement britannique. Mais l'opinion publique a évolué et, selon un récent sondage YouGov, les trois quarts des habitants d'Angleterre et du Pays de Galles soutiennent désormais ce changement de loi.

"Notre travail consiste à aborder les questions qui comptent pour les gens (...) et beaucoup diraient que ce débat était attendu depuis longtemps", a souligné Kim Leadbeater.

- "Actions désespérées" -

Actuellement, le suicide assisté est illégal et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'aide ou d'incitation.

La loi actuelle "n'est pas claire et ne protège pas les malades, les familles et le personnel de santé, ce qui pousse les gens à des actions désespérées", a souligné la députée travailliste.

Celle-ci a raconté l'histoire de Norman, un homme atteint d'un cancer de la prostate pendant 15 ans: "quand la maladie s'est répandue et que la douleur n'était plus supportable (...), il est allé dans son jardin et s'est tiré une balle dans la tête".

Au Royaume-Uni, la perspective du vote a soulevé un débat sur des fondements éthiques, financiers et religieux, dépassant les clivages politiques habituels entre travaillistes et conservateurs.

Une trentaine de chefs spirituels ont fait part de leur "profonde préoccupation", s'inquiétant que les personnes fragiles ressentent un "devoir de mourir" pour soulager leurs proches.

"Comment peut-on garantir qu'une personne âgée dans une maison de retraite, à qui on a donné six mois à vivre, ne se dira pas: +je suis un fardeau (...) si je mets fin à mes jours maintenant, ma famille pourra économiser 25.000 à 55.000 livres+?", s'est interrogé Richard Burgon, un député indépendant.

Plutôt qu'une aide à mourir, de nombreux opposants ont réclamé un meilleur financement des soins palliatifs.

- "Garanties et protections" -

Kim Leadbeater a assuré vendredi que ce texte de loi contenait "les garanties et protections les plus solides au monde", et n'avait "rien à voir" avec ceux du Canada ou de la Belgique, des pays où les critères sont beaucoup plus larges.

Le ministre de la Santé Wes Streeting a lui mis en avant la charge supplémentaire qu'une telle aide ferait peser sur le système public de santé (NHS) en crise, et a dit qu'il voterait contre la proposition.

Même si ce texte émane de ses rangs, le parti travailliste au pouvoir n'a pas donné de consigne, et le gouvernement avait demandé à ses ministres de rester discret sur leur vote.

S'il passe cette première étape, le texte sera examiné et amendé en commission, avant d'être à nouveau soumis à l'approbation des deux chambres du Parlement britannique.

Il est difficile de prédire le résultat de ce vote, car les positions de nombreux députés travaillistes, élus lors de la victoire massive du Labour en juillet, ne sont pas encore connues.

L'actuel Premier ministre Keir Starmer ne s'est pas exprimé, mais il s'était prononcé en faveur du projet de loi de 2015 quand il était député.

L'ancien Premier ministre conservateur David Cameron a annoncé pour sa part qu'il voterait en faveur du texte, après s'y être opposé dans un premier temps. A l'inverse, Boris Johnson, un de ses successeurs, est contre.

L'Ecosse, qui dispose de pouvoirs délégués en matière de santé, doit voter sur son propre projet de loi en 2025. L'Ile de Man examine également un texte, tandis que Jersey, autre île anglo-normande, a validé la préparation d'une loi d'ici à 2027.

J.Berger--HHA