Attaque du Capitole: la commission fait la lumière sur les faits et gestes de Trump le 6 janvier
La commission d'enquête parlementaire sur l'attaque contre le Capitole bouclera jeudi soir une série d'auditions très médiatiques en détaillant, à une heure de grande écoute, la journée du 6 janvier 2021 telle que vécue "minute par minute" par Donald Trump.
"C'est très simple: il n'a rien fait pour arrêter l'émeute", a résumé l'élue démocrate Elaine Luria lors d'un entretien ce week-end sur CNN. "Et pourtant, ses conseillers n'ont pas cessé de l'appeler à agir".
Avec son confrère républicain Adam Kinzinger, lui aussi ancien combattant, elle mènera la charge contre l'ex-président qui, selon elle, a "failli à son devoir" de commandant en chef en n'appelant pas ses partisans à se retirer du siège du Congrès.
C'est pourtant lui qui les avait convoqués à Washington, le jour où les parlementaires devaient certifier la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle.
Vers midi, dans un discours enflammé en plein coeur de la capitale, il leur avait demandé de "se battre comme des diables" contre de supposées "fraudes électorales massives". Il était ensuite reparti vers la Maison Blanche, tandis que la foule se lançait à l'assaut du temple de la démocratie américaine.
Retranché dans la salle à manger de la présidence, il avait mis plus de trois heures avant d'appeler ses partisans à quitter les lieux. "Je connais votre douleur", leur avait-il dit dans une vidéo mise en ligne sur Twitter. "Mais il faut rentrer à la maison maintenant".
- "Main forte" -
L'audition de jeudi devant la commission de la Chambre des représentants, composée de sept démocrates et deux républicains répudiés par leur parti, doit revenir sur ce qui s'est joué entre ces deux prises de parole.
"Vous apprendrez que Donald Trump n'a pas décroché une seule fois son téléphone pour ordonner à son administration de prêter main forte" aux policiers débordés, a déclaré Liz Cheney, l'une des rares républicaines à oser critiquer publiquement l'ancien président.
"Non seulement, il n'a rien fait, mais il a envoyé à 14H24 un tweet devenu tristement célèbre" qui a jeté de l'huile sur le feu en reprochant à son vice-président Mike Pence de ne pas vouloir bloquer la certification des résultats de l'élection, a ajouté Elaine Luria.
Deux anciens membres de l'administration, Matthew Pottinger, alors conseiller adjoint à la sécurité nationale, et Sarah Matthews, porte-parole adjointe, devraient lever le voile publiquement pour la première fois sur les coulisses de cette sinistre journée.
Tous les deux avaient démissionné après le 6 janvier.
La commission devrait également présenter de larges extraits vidéo du témoignage de Pat Cipollone: l'ex-conseiller juridique de la Maison Blanche a récemment déclaré que son ancien patron aurait dû concéder la défaite.
Cette audition publique est la huitième en six semaines et la seconde diffusée en prime-time dans tout le pays. Les précédentes ont porté, entre autres, sur le rôle de l'extrême droite dans l'assaut ou sur les pressions exercées sur des agents électoraux par Donald Trump et ses proches.
Exceptionnellement, elle se déroulera en l'absence du président de la commission, le démocrate Bennie Thompson, malade du Covid-19.
- Automne -
La "commission du 6 janvier" va ensuite se retirer du regard public pour travailler à son rapport final qui, selon l'élue démocrate Zoe Lofgren, sera rendu à l'automne.
Mais elle continuera de recueillir des témoignages et des documents et il n'est pas impossible qu'elle organise, si elle l'estime nécessaire, une nouvelle audition pour présenter ces éléments.
Ses conclusions pourraient inclure une recommandation concernant l'ouverture de poursuites judiciaires contre l'ancien président.
La décision reviendra au ministre de la Justice Merrick Garland, qui ne l'exclut pas.
"Personne n'est au-dessus de la loi", a-t-il déclaré mercredi en répondant à une question à ce sujet.
Donald Trump, qui flirte ouvertement avec l'idée de se représenter à la présidentielle de 2024, dénonce avec véhémence les travaux de la commission et ne manquerait pas de se présenter en victime d'une cabale politique s'il était inculpé.
Son parti, sur lequel il exerce toujours une influence prédominante, a d'ores et déjà promis d'enterrer les conclusions de cette commission si les conservateurs venaient à prendre le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat en novembre.
M.Schneider--HHA