L'Autrichien Volker Türk pressenti comme prochain chef des droits de l'homme de l'ONU, selon des sources diplomatiques
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, devrait nommer l'Autrichien Volker Türk comme prochain Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques et auprès de défenseurs des droits.
Selon plusieurs sources, M. Guterres a indiqué mercredi soir aux Etats membres de l'ONU qu'il souhaitait la nomination à ce poste de M. Türk, actuellement secrétaire général adjoint chargé de la politique au sein de son cabinet, afin de remplacer Michelle Bachelet.
Mme Bachelet a achevé son mandat de quatre ans le 31 août et, une semaine après, l'ONU n'a pas encore annoncé qui la remplacerait.
Agé de 57 ans, M. Türk travaille au sein de l'ONU depuis plus de trente ans et a notamment collaboré étroitement avec M. Guterres lorsque ce dernier occupait le poste de Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés.
L'Assemblée générale de l'ONU devrait se saisir de cette question lors d'une réunion jeudi ou vendredi, selon les sources interrogées.
"Lors de toutes les nominations précédentes, le candidat recommandé par le secrétaire général a été approuvé par consensus", a souligné l'organisation International Service for Human Rights (ISHR) dans un communiqué.
S'il est nommé, M. Türk trouvera une table de travail bien garnie. Mme Bachelet, ancienne présidente du Chili, a choisi de rendre public quelques minutes avant la fin de son mandat un rapport attendu de longue date sur de possibles crimes contre l'humanité dans la province chinoise du Xinjiang, dont le suivi délicat incombera à son successeur.
Vertement critiqué par la Chine, qui a exercé de très fortes pressions et mené campagne pour en empêcher la publication, ce document de 48 pages a été salué par bon nombre de pays occidentaux qui y voient une base solide pour dénoncer les exactions commises par les autorités chinoises.
- Enjeux élevés -
Dans ce rapport, l'ONU évoque de possibles "crimes contre l'humanité" et fait état de "preuves crédibles" de tortures et de violences sexuelles à l'égard de la minorité ouïghoure et appelle la communauté internationale à agir.
S'il ne comporte pas de révélations par rapport à ce qui était déjà connu de la situation dans le Xinjiang, ce document apporte le sceau des Nations unies aux accusations portées de longue date contre les autorités chinoises. Il n'emploie toutefois pas le mot de "génocide", utilisé en janvier 2021 par les Etats-Unis et adopté ensuite par les députés d'autres pays occidentaux.
Les organisations de défense des droits de l'homme ont appelé le prochain chef des droits de l'homme de l'ONU à se montrer courageux et dénoncer des violations même dans les pays les plus puissants.
"Les enjeux n'ont jamais été aussi élevés", a déclaré Sarah Brookes, directrice de programme à l'ISHR, citée dans le communiqué de l'organisation. L'ONG et d'autres organisations de défense des droits se sont montrées très critiques de l'opacité du processus de nomination.
Des sources diplomatiques à Genève, où est basé le bureau des droits de l'homme de l'ONU, ont également noté le peu de transparence. "Cela a été un processus remarquablement obscur", a déclaré un diplomate occidental.
Le directeur exécutif de l'ISHR, Phil Lynch, a averti que le manque de transparence et de consultations aurait des retombées.
"Le secrétaire général a manqué une occasion-clé de construire la légitimité et l'autorité du prochain Haut-commissaire", a-t-il déclaré.
Il a ajouté que son organisation comme d'autres "chercheront à travailler étroitement et de manière collaborative avec le prochain Haut-commissaire pour protéger les droits de l'homme et faire respecter le principe de responsabilité pour coupables et la justice pour les victimes".
A.Baumann--HHA