Invités controversés, protocole: le casse-tête diplomatique des funérailles d'Elizabeth II
Des centaines de dignitaires étrangers et têtes couronnées sont attendus lundi à Londres pour les funérailles d'Etat de la reine Elizabeth II, un casse-tête sécuritaire et diplomatique entre privilèges accordés à certains et invités controversés.
L'abbaye de Westminster ne pouvant accueillir qu'environ 2.000 personnes, seuls les chefs d'Etat et un ou deux invités par pays ont été conviés aux premières obsèques nationales du Royaume-Uni depuis 1965.
- Les têtes couronnées -
De nombreuses têtes couronnées ont confirmé leur présence aux funérailles de la souveraine, qui a régné pendant plus de 70 ans.
Le prince Albert II de Monaco, son épouse Charlene, le roi des Pays-Bas Willem-Alexander, la reine Maxima et la princesse Beatrix, le roi Philippe des Belges et le roi Harald V de Norvège seront tous présents, comme la reine Margrethe du Danemark, désormais seule reine régnante d'Europe.
Le roi d'Espagne Felipe VI sera là, mais aussi son père Juan Carlos Ier, qui a abdiqué en 2014 et vit désormais aux Emirats arabes unis.
- Tous dans le bus -
Arrivés samedi soir à Londres, le président américain Joe Biden et son épouse Jill Biden se sont recueillis dimanche après-midi devant le cercueil de la souveraine.
Contrairement à d'autres dirigeants auxquels il a été demandé de venir à l'abbaye à bord de bus affrétés par les autorités, Joe Biden a obtenu l'autorisation d'utiliser sa limousine présidentielle blindée, "The Beast".
"Peut-on avoir une petite pensée pour le responsable de l'Élysée qui a dû annoncer au président (français Emmanuel) Macron qu'à Londres, il devrait monter dans le bus?", a ironisé dimanche le quotidien The Times.
Le président français, qui sera en effet présent, aurait dit "non" au bus, mais on ignore quels arrangements ont été trouvés.
Une autre difficulté réside dans le placement des invités, souligne le Times: il faut "éviter tout risque que quiconque se sente offensé d'être placé derrière un pilier et s'assurer que personne n'en vienne à se battre".
- Invités polémiques -
Des personnalités parfois contestées sont attendues. Le président brésilien Jair Bolsonaro a profité de sa visite pour prononcer un virulent discours électoral sur le balcon de la résidence de l'ambassade du Brésil. Un temps attendu, le président turc Recep Tayyip Erdogan, à New York, s'est fait représenter.
L'Arabie saoudite devrait être représentée par le prince Turki bin Mohammed Al Saud, selon une source diplomatique. Le prince saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), dont la possible venue faisait grincer des dents, a été écarté de la scène internationale après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d'Arabie saoudite en Turquie en 2018.
Le président chinois Xi Jinping sera absent, mais son vice-président Wang Qishan assistera aux funérailles. Ce dernier a pu se recueillir samedi après-midi devant le cercueil de la souveraine, bien que des députés aient tenté d'interdire toute délégation chinoise à Westminster.
A l'origine de leur colère: les sanctions prises par la Chine à l'encontre de parlementaires britanniques qui avaient critiqué son bilan en matière de droits humains.
- Pas invités -
La Russie et le Bélarus font partie d'un petit groupe de nations qui seront exclues des funérailles de la reine après l'invasion de l'Ukraine par Moscou, une mise au ban jugée "blasphématoire" et "immorale" par Moscou.
En revanche, si le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne sera pas là non plus, son épouse Olena Zelenska s'est recueillie dimanche devant le cercueil d'Elizabeth II.
La Birmanie, ancienne colonie britannique dirigée par une junte militaire sanctionnée par Londres, mais aussi la Syrie, l'Afghanistan et la Corée du Nord ont également été écartés.
P.Meier--HHA