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Une page d'Histoire se tourne avec les funérailles d'Elizabeth II
Une page d'Histoire se tourne avec les funérailles d'Elizabeth II / Photo: Joe Giddens - POOL/AFP

Une page d'Histoire se tourne avec les funérailles d'Elizabeth II

Après le recueillement ému de centaines de milliers de Britanniques, le cercueil d'Elizabeth II a entamé lundi à Londres son dernier voyage pour des funérailles grandioses en présence de dignitaires du monde entier venus saluer la souveraine et ses 70 ans de règne record.

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Le cercueil d'Elizabeth II entrait en milieu de journée dans l'abbaye de Westminster, joyau gothique intrinsèquement lié au destin de la défunte.

Une page d'histoire se tourne avec ces funérailles d'Etat de la dernière reine planétaire, au règne unique par sa durée et son endurance, devant 2.000 invités à l'abbaye de Westminster.

Avec une pompe au déroulement millimétré et inlassablement préparé, elles achèvent un deuil national marqué par une immense vague d'émotion collective depuis le décès le 8 septembre, à 96 ans, d'Elizabeth II dans son château écossais de Balmoral.

Drapé de l'étendard royal et surmonté de la scintillante couronne impériale, porté par huit grenadiers de la Garde de la maison royale à la tunique rouge caractéristique, il a ensuite été déposé sur un affût de canon tiré au son des cornemuses et tambours par des marins de la Royal Navy jusqu'à l'abbaye de Westminster.

C'est là qu'encore princesse elle avait épousé à 21 ans en novembre 1947 le fringant Philip Mountbatten, avant d'y être couronnée le 2 juin 1953, un an après être devenue reine.

Le cercueil arrivait en , suivi à pied par le roi Charles III et la famille royale. Il en repartira une heure plus tard, au terme de la cérémonie religieuse à 11H00 GMT, pour un dernier voyage vers Windsor, à 35 km à l'ouest de la capitale, où reposera la reine.

Une cloche a sonné toutes les minutes, 96 fois, avant la cérémonie.

- "J'étais là" -

Du président américain Joe Biden à l'empereur du Japon Naruhito en passant par le président français Emmanuel Macron, le gratin des dirigeants mondiaux s'est déplacé pour ces premières funérailles d'Etat depuis celles de Winston Churchill à 1965. Les familles royales européennes sont également représentées.

Après l'invasion de l'Ukraine, la Russie n'a pas été invitée. En revanche, la première dame ukrainienne Olena Zelenska est présente.

Jamais depuis des années Londres n'avait connu une telle affluence de dignitaires. Jamais non plus la police de la capitale n'avait fait face à un tel défi sécuritaire.

Dans Londres, les rues alentour sont noires de monde. Jeunes ou vieux, curieux ou monarchistes dans l'âme, certains vêtus de noir ou arborant l'Union Jack national, personne ne veut manquer cet événement historique. La journée est fériée et certains ont même campé la nuit, voire plusieurs jours de suite, pour s'assurer le meilleur point de vue.

"Elle a travaillé si dur toute sa vie, elle s'est dévouée à ce pays. Elle n'a jamais renoncé jusqu'à la toute fin", salue Margaret McGee, 72 ans, venue expressément d'Irlande du Nord.

"Je parlerai de ce moment à mes enfants. Je dirai: j'étais là!", lance Jack, 14 ans, venu au petit matin avec ses parents à Hyde Park Corner, non loin de Buckingham Palace.

Parmi les spectateurs, certains avaient déjà fait la queue des heures durant, parmi des centaines de milliers d'autres, sur plusieurs kilomètres dans Londres, pour se recueillir brièvement devant le cercueil avant que les portes de Westminster Hall ne ferment définitivement au public lundi à l'aube.

Une dernière larme ou révérence, et le sentiment d'avoir fait partie de l'Histoire. "C'est incroyable", confie à l'AFP la toute dernière visiteuse, Chrissy Heerey, avant de rejoindre la foule qui s'est déversée compacte dans le centre de Londres pour assister aux obsèques par grands écrans interposés ou entrapercevoir le cortège funèbre.

Pour des millions de Britanniques, Elizabeth II était la seule, l'unique, ancre rassurante de stabilité dans les convulsions d'un monde qui change.

Elle apportait de la "stabilité" dans une vie "chaotique", témoigne THay, homme de 59 ans. Il espère que Charles fera de même "parce que nous avons besoin de quelque chose à quoi nous accrocher".

A Windsor aussi, où la reine résidait depuis la pandémie de coronavirus et où elle reposera, l'affluence est à son comble. Avant la cérémonie, le public patiente sur des chaises de camping en partageant café et nourriture, dans une ambiance festive entremêlée d'émotion.

"Aujourd'hui, nous voulons célébrer sa vie extraordinaire", confie Pauline Huxtable, 64 ans, à l'AFP. "La reine a toujours fait son travail avec dignité. Elle était une figure maternelle".

A l'abbaye de Westminster, pas un bruit ne doit venir troubler la solennité du moment - des dizaines de vols ont été annulés. Après, le pays se figera pour deux minutes de silence.

Le cercueil partira ensuite suivi par le roi Charles III, la reine consort Camilla et des membres de la famille royale, et sera à nouveau placé sur un affût de canon de la Royal Navy avant une procession historique, en grande pompe, dans les rues du centre de Londres, jusqu'à l'arc de Wellington, d'où il repartira en corbillard pour le .

Plus de 6.000 militaires y participeront.

De plus en plus frêle ces derniers mois, souffrant de problèmes de mobilité, Elizabeth II recevait encore, souriante, deux jours avant son décès, la toute nouvelle Première ministre Liz Truss, sa dernière photo publique.

Elle sera inhumée lundi soir dans l'intimité, dans le Mémorial George VI, annexe de la chapelle du château, aux côtés de ses parents et de Philip, décédé en 2021.

Après des jours épuisants de voyages dans les quatre nations constitutives du Royaume Uni, de bains de foule conjugués au deuil d'une mère, Charles III, 73 ans, devra écrire sa propre histoire.

Certains rêvaient d’une transition rapide avec le nouveau prince de Galles, son fils William, 40 ans. Mais Charles III a promis, comme sa mère, de servir toute sa vie.

Solennel, rassembleur, accessible et inclusif, ses premiers pas ont rassuré, avec la présence apaisante de Camilla à ses côtés.

Mais si aa cote de popularité a grimpé en flèche, à 70% selon YouGov, les défis, nombreux, ne font que commencer.

Elizath II était au moment de sa mort, en plus du Royaume-Uni, reine de 14 royaumes, dont l'Australie, le Canada et la Nouvelle Zélande. Certains de ces pays n'ont pas caché leur souhait de voir évoluer leur lien avec la monarchie.

Le Royaume-Uni reprendra ensuite le fil de sa vie suspendue depuis le 8 septembre. La crise du coût de la vie et les mouvements sociaux devraient rapidement refaire la Une des journaux.

E.Borstelmann--HHA