Après les remarques antisémites de Kanye West, Adidas plus que jamais sous pression
La célèbre marque de vêtements Adidas était lundi sous une pression croissante, pressée de mettre fin à sa collaboration avec le controversé rappeur Kanye West, qui s'est fendu de sorties à caractère antisémite ces dernières semaines.
Des défenseurs des droits humains ont dénoncé le silence de l'entreprise allemande face aux commentaires du rappeur, connu désormais officiellement sous le nom de Ye, de plus en plus isolé des entreprises et des marques avec lesquelles il travaillait.
"Votre silence est un danger pour les Juifs", a tweeté à l'intention d'Adidas Jonathan Greenblatt, directeur général de l'Anti-Defamation League, une ONG luttant contre l'antisémitisme.
"Nous ne pouvons pas laisser l'antisémitisme de Ye se normaliser -- nous devons tous exiger qu'Adidas condamne sa rhétorique raciste en réévaluant leur partenariat."
La compagnie allemande a indiqué début octobre qu'elle allait réexaminer sa relation avec Kanye West, sans donner de motif. Il était apparu quelques jours plus tôt portant un t-shirt barré du slogan "White Lives Matter" lors d'un défilé de mode à Paris.
Ce slogan, utilisé par l'extrême droite américaine, détourne le nom du mouvement "Black Lives Matter", qui milite contre le racisme généralisé envers les Afro-Américains.
Quelques jours après cet épisode, Ye a été suspendu de Twitter après avoir tweeté qu'il allait s'attaquer aux juifs dans une publication depuis supprimée par le réseau social car enfreignant ses règles. Il a aussi été suspendu d'Instagram.
Une banderole a été accrochée ce week-end au-dessus d'une autoroute très fréquentée de Los Angeles, sur laquelle on pouvait lire "Kanye a raison à propos des Juifs" et "Klaxonnez si vous êtes d'accord".
Ses auteurs ont été photographiés en train d'effectuer le salut nazi.
- "Haine" -
Lundi, l'agence CAA représentant Kanye West, l'une des plus importantes d'Hollywood, a indiqué mettre fin au partenariat.
La société de production MRC a de son côté annoncé annuler un documentaire pourtant déjà terminé sur le rappeur.
"Nous ne pouvons soutenir aucun contenu qui élargisse son audience", a déclaré l'entreprise, citée par le Los Angeles Times.
D'autres personnalités du show-business, dont Ari Emanuel, le président d'une autre agence californienne, Endeavor, ont appelé toutes les entreprises à couper les ponts avec le rappeur.
"Ceux qui continuent à faire des affaires avec Kanye West donnent à sa haine malavisée un public", a écrit Ari Emanuel dans le Financial Times. "Il ne devrait y avoir aucune tolérance, où que ce soit, pour l'antisémitisme de Kanye West."
La semaine dernière, la maison de mode Balenciaga a également mis fin à sa collaboration avec le chanteur.
"Les discours haineux ne sont jamais acceptables ou excusables", a écrit lundi sur Twitter et Instagram son ex-femme, Kim Kardashian, sans mentionner le nom du père de ses enfants.
"Je suis solidaire de la communauté juive et je demande que la terrible violence et la rhétorique haineuse à leur égard prennent fin immédiatement", a-t-elle poursuivi.
- Bipolaire -
Adidas n'avait pas donné suite lundi aux requêtes de l'AFP.
"Après des efforts répétés pour résoudre la situation en privé, nous avons pris la décision de revoir notre partenariat", a déclaré Adidas, dont les fondateurs étaient membres du parti nazi, dans un communiqué début octobre.
Le rappeur de 45 ans avait accusé Adidas d'organiser sans son approbation des événements marketing liés à la collection de baskets Yeezy, conçues par le rappeur et développées avec l'équipementier allemand depuis 2014 -- un partenariat à succès qui a fait de lui un milliardaire.
Avec Beyoncé, Stella McCartney et Pharrell Williams, Kanye West compte parmi les célébrités avec lesquelles Adidas a noué un partenariat pour ravir sa clientèle dans le segment lifestyle et plus généralement doper ses ventes, en particulier en ligne.
Adidas n'a pas mentionné les récentes controverses dans son communiqué, mais a déclaré que sa collaboration avec le rappeur avait été "l'une des plus réussies de l'histoire de notre industrie" et qu'elle était "ancrée dans le respect mutuel et les valeurs partagées".
L.Keller--HHA