A Londres, un célèbre disquaire fait renaître l'espoir sur Oxford Street
Quatre ans après avoir fermé son magasin emblématique d'Oxford Street, dans le centre de Londres, le disquaire britannique HMV rouvre une boutique vendredi à la même adresse, suscitant l'espoir d'un renouveau de la célèbre artère commerçante à l'attractivité déclinante.
Depuis la faillite du distributeur de disques qui avait ouvert son premier magasin sur Oxford Street en 1921, le pas de porte avait fait place à une boutique de bonbons, au grand dam des Londoniens et des fans de musique.
Mais vendredi, le logo du groupe britannique - un chien écoutant la voix de son maître défunt dans un gramophone, d'où le nom "His Master's Voice" (HMV, "La Voix de son maître") - retrouvera sa place sur la façade du 363, Oxford Street.
Le nouveau magasin "reflètera l'évolution du concept commercial d'HMV", avec un espace pour les spectacles et dédicaces, et "un vaste éventail d'articles de pop culture", a expliqué le groupe.
C'est "exactement ce que nous voulons qu'Oxford Street soit: une expérience au-delà du commerce de détail traditionnel", a déclaré à l'AFP Geoff Barraclough, membre du conseil municipal de Westminster, se réjouissant de cette réouverture.
Le magasin HMV d'Oxford Street est entré dans l'histoire de la musique en 1962 quand Brian Epstein, le manager des Beatles, y a apporté une copie de leur bande démo qui a été remarquée par les producteurs d'EMI, la maison de disque alors propriétaire de HMV, aidant le groupe à obtenir un contrat d'enregistrement.
Enseigne emblématique, elle a depuis été confrontée à des difficultés financières persistantes, sur fond de déprime du marché du disque face à la concurrence de la musique en ligne. HMV avait déposé le bilan fin 2018, après une première faillite en 2013.
L'homme d'affaires canadien Doug Putman, propriétaire du groupe de magasins de disques Sunrise, avait alors racheté HMV pour un montant non dévoilé, mais avait été contraint de fermer 27 points de vente, dont celui, emblématique, du cœur de Londres.
Quatre ans plus tard, le groupe est parvenu à renouer avec les bénéfices, et a annoncé en avril qu'il reviendrait "à la demande générale", sur son site d'Oxford Street avant les fêtes de Noël.
- Retour de l'effervescence -
Comme beaucoup de Britanniques, Dave Jacobs, 60 ans, monteur d'échafaudages dans la capitale, garde un souvenir ému du temps où il pouvait parcourir les pochettes de disques et acheter de la musique dans cette boutique.
Il n'est pas mécontent, par ailleurs, que les nombreux magasins de bonbons qui donnaient selon lui un aspect "vulgaire" à Oxford Street commencent à disparaître du paysage.
Ces dernières années, la principale artère commerçante de la capitale britannique a changé de visage, souffrant de la fermeture de grands magasins comme Debenhams et House of Fraser, et voyant apparaître des dizaines de magasins de confiseries ou de souvenirs pendant la pandémie de Covid-19.
Bien moins prestigieuses, ces boutiques sont également accusées par les autorités locales de pratiques commerciales douteuses, ajouté à des millions de livres sterling de taxes commerciales impayées.
Des touristes comme Brandy Fonds, 51 ans, venue des Etats-Unis pour visiter Londres avec sa fille, y cherchent en vain des commerces typiques de la capitale britannique, et déplorent une rue jonchée d'ordures.
Mais pour Geoff Barraclough, la réouverture de la boutique HMV marque un tournant pour Oxford Street: "l'effervescence revient dans l'une des rues commerçantes les plus aimées du pays", s'est-il réjoui.
L'ouverture d'un magasin Ikea, le premier dans le centre de la capitale britannique, y est attendue avec impatience pour l'année prochaine.
Th.Frei--HHA