Immigration: le patron du Medef souligne la dimension économique du débat
Le président du Medef Patrick Martin a appelé mardi à ne pas oublier la "dimension économique et surtout démographique" du débat sur l'immigration, alors que le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau veut faire baisser l'immigration par "tous les moyens".
"Il faut, dans ce débat, introduire une dimension économique et surtout démographique", a rappelé M. Martin sur franceinfo.
"Oui, il y a des métiers en tension pour lesquels il faut commencer par mieux former nos jeunes, mieux faire revenir à l'emploi (...) mais in fine ne pas s'interdire de recourir, à tout niveau de qualification, à la main d’œuvre immigrée, de manière très régulée, très ciblée, comme le font très bien d'autres pays", a-t-il déclaré.
En décembre, M. Martin avait déjà cité des chiffres évaluant à 3,9 millions de personnes les besoins de la France en main d’œuvre immigrée d'ici 2050.
"La démographie est une science exacte, et ce sont des tendances lourdes" a-t-il insisté, rappelant que "le régime social est fondé sur l'emploi et les cotisations des entreprises et des salariés".
Lundi soir sur TF1, M. Retailleau avait assuré "vouloir prendre tous les moyens pour abaisser l'immigration en France".
M. Martin a par ailleurs reconnu qu'il était plus difficile pour les personnes issues de la diversité d'obtenir des postes à responsabilité dans les entreprises. "On est conscients et on fait de gros efforts pour y remédier", a-t-il affirmé.
Interrogé sur l'avenir de la réforme des retraites, il a mis en garde sur "la sanction séance tenante" qu'administreraient les marchés à la France en cas d'abrogation, ce qui impacterait "le coûts d'emprunt des ménages et des entreprises", avec "un effet dévastateur".
Il s'est montré ouvert cependant à "des ajustements" sur les carrières longues ou les "carrières hachées" de certaines femmes.
Il a aussi défendu à nouveau l'indépendance des partenaires sociaux: "il y a des sujets qui doivent impliquer l'Etat au premier chef et d'autres sur lesquels les partenaires sociaux sont capables de s'entendre, de manière exigeante mais sans interférence de l'Etat".
Ce sont ces "interférences matin, midi et soir" qui auraient, selon lui, fait échouer la négociation sur l'emploi des seniors au printemps. Les partenaires sociaux sont "majeurs et vaccinés et on sait avancer ensemble", a-t-il lancé.
A.Wulhase--HHA