En perte de vitesse, l'économie chinoise doit plus compter sur la demande intérieure, selon le FMI
La Chine doit faire plus pour renforcer sa demande intérieure, notamment en incitant les entreprises et ménages à dépenser leur épargne, si Pékin veut redonner un coup d'accélérateur à son économie en phase de ralentissement, estime le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.
"La Chine doit trouver d'autres moyens de stimuler une croissance durable grâce à sa demande intérieure", précise lors d'un entretien accordé à l'AFP M. Gourinchas, rappelant les "niveaux très élevés d'épargne, tant des ménages que des entreprises", à disposition.
Dans un pays où les systèmes de retraite et de santé sont peu développés, les Chinois ont en effet pris l'habitude de constituer une importante épargne de précaution, au détriment de leur consommation.
"Les protections sociales ne sont pas suffisamment développées, les gens doivent donc se débrouiller. Si le gouvernement les améliore, cela pourrait rassurer les foyers et leur permettre de dépenser plus, ce qui aiderait à soutenir la croissance à moyen terme de la Chine", détaille le chef-économiste du Fonds.
La question est essentielle pour l'économie mondiale, celle-ci restant sur une tendance plus faible que durant les années 2010: en 2025, elle devrait atteindre 3,2%, soit autant qu'en 2024. Contre 3,5% en moyenne au cours de la précédente décennie.
Le ralentissement de l'économie chinoise pourrait entraîner encore plus celui de l'économie mondiale, qui subit déjà l'essoufflement d'autres économies émergentes majeures, à commencer par l'Inde.
Le Fonds monétaire international (FMI) y prévoit en effet 7% de croissance cette année puis 6,5% l'année prochaine, alors qu'elle dépassait encore 8% en 2023.
Etant partis plus tard que la Chine, "il est très important pour eux de croître le plus vite possible. Ils doivent faire plus et cela fait l'objet de discussions intenses en Inde", souligne M. Gourinchas.
Parmi les défis pour New Delhi figure notamment la nécessité de "trouver comment renforcer l'intégration de son marché intérieur, ce qui pourrait soutenir sa croissance, ainsi que son capital humain car le pays est très présent sur l'exportation de services", détaille le responsable du FMI.
- Fin de l'inflation, sauf en Russie -
La Russie semble suivre le même chemin, avec une croissance attendue en ralentissement, après avoir largement dépassé les attentes deux années de suite.
Certes, pour cette année, le FMI a encore revu à la hausse ses prévisions, notamment parce que "nous n'avions pas forcément les informations avant la deuxième moitié de l'année".
Mais ces dernières mettent en avant "un environnement qui devient de plus en plus compliqué" et qui va finir par peser.
"Nos anticipations ont toujours été qu'il y aura un ralentissement à un moment donné. Nous l'attendions plus tôt mais il est en train de se profiler pour 2025", assure Pierre-Olivier Gourinchas, qui note une "hausse de la pression sur les prix".
"On voit que l'inflation accélère", principalement car la Russie "tente, dans le même temps, de répondre aux besoins de sa population et de développer son économie de guerre. Cela renforce la pression sur les ressources, ce qui se reflète sur les prix".
Aux Etats-Unis en revanche, grâce à "une productivité qui va très très bien, contrairement à la plupart des autres régions dans le monde, et une hausse de la main d'oeuvre, notamment grâce à l'immigration", l'économie devrait terminer l'année sur une note très positive et continuer sur sa lancée en 2025.
Certes "il peut très bien y avoir un mois où les données seront moins bonnes, mais il y aura toujours des à-coups, et les Etats-Unis sont très proches" d'un atterrissage en douceur, estime Pierre-Olivier Gourinchas.
Un atterrissage qui ne concerne pas uniquement la première économie mondiale: "on voit que l'inflation se rapproche très fortement des cibles des banques centrales. A moins d'une surprise, on devrait en terminer avec l'inflation cette année".
Même si les "tensions géopolitiques, la fragmentation (de l'économie, NDLR), ce qui se passe au Proche-Orient, peuvent entraîner une hausse des prix de l'énergie, donc ajouter de la pression inflationniste et affaiblir l'activité", prévient-il.
O.Zimmermann--HHA