Trois migrants meurent dans une traversée clandestine de la Manche
Trois migrants sont décédés dans une tentative de traversée clandestine de la Manche mercredi matin, alourdissant encore le bilan d'une année déjà record, avec 55 morts depuis janvier dans ce type de traversées vers la Grande-Bretagne.
Outre les deux personnes décédées récupérées par le navire Minck affrété par l'Etat, une troisième victime inconsciente a été "repérée et récupérée" par un ferry et transportée par hélicoptère vers l'hôpital, selon la préfecture maritime.
Cet homme a été déclaré décédé à son tour, portant le bilan à au moins trois morts et un blessé, précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (prémar) dans un communiqué.
Le canot a fait naufrage peu après 08h00 à 2 kilomètres au large de la plage de Blériot près de Calais, a indiqué la prémar à l'AFP.
Une forte brume rendait la visibilité très faible sur le littoral au lever du soleil mercredi matin, mais l'absence de vent et de grosses vagues ouvrait une fenêtre favorable aux départs, a constaté un journaliste sur place.
Les secours ont été alertés par un "usager de la mer" qui a repéré un gilet de sauvetage, précise la prémar.
Le Minck qui se trouvait à proximité a "constaté le naufrage et débuté la récupération des personnes à la mer", détaille la préfecture maritime, ajoutant qu'environ 45 autres candidats à l'exil ont été secourus.
Ils ont été ramenés à terre par le Minck, pendant que "les autres moyens engagés poursuivent la recherche de potentiels naufragés à la mer", poursuit-elle dans son communiqué.
Les embarcations arrivées sur les côtes britanniques depuis le 1er janvier comptent en moyenne 53 passagers chacune, selon les chiffres officiels des autorités britanniques.
Le trafic des ferries au port de Calais a été interrompu de 7h30 à 10h30 environ, indique la capitainerie du port, précisant que le trafic a depuis repris.
Quelques camions de pompiers sont entrés et sortis du port, dont l'accès est clôturé, a constaté l'AFP.
Sur la plage de Blériot, des pompiers en combinaison, équipés de jet ski et zodiac ont participé à l'opération, a constaté l'AFP.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour "aide à l'entrée et au séjour irrégulier" et "mise en danger de mort ou d'infirmité".
La maire de Calais Natacha Bouchart (DVD) s'est insurgée contre le silence du gouvernement, qu'un collectif transpartisan de maires du littoral avait interpellé il y a quelques semaines, disant leur "sentiment d'abandon".
"Ici, il y a des morts, une organisation mafieuse et plus de 2.000 personnes qui vivent dans des conditions inacceptables, et on ne veut même pas nous recevoir, donc oui, on en a ras-le-bol", a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant "humainement, c'est compliqué".
"Nous, ce qu'on veut, c'est qu'ils viennent sur place ou qu'ils nous reçoivent", explique Mme Bouchart, qui veut rétablir "le délit de séjour irrégulier sur le littoral" mais dénonce aussi l'absence de "centre de réfugiés pour permettre à ces personnes d'être encadrées par des professionnels".
Ce naufrage, le troisième en octobre, intervient quelques jours après le décès d'un nourrisson kurde irakien, retrouvé mort après que le canot à bord duquel il se trouvait avec ses parents et sa fratrie s'est déchiré pendant la traversée.
Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés à bord desquels peu de passagers disposent de gilets de sauvetage, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre.
- L'année la plus meurtrière -
Au moins 55 personnes sont décédées depuis le 1er janvier, selon un décompte effectué par l'AFP sur la base de chiffres officiels.
Les canots empruntent l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, avec plus de 600 navires de commerce par jour et des conditions météorologiques souvent difficiles, a rappelé la prémar.
Selon les chiffres officiels des autorités britanniques, plus de 28.000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche depuis le début de l'année.
Élu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.
La question migratoire est régulièrement remise au coeur du débat en Europe alors que progressent les idées et les scores électoraux de l'extrême droite.
Au cours d'un sommet mi-octobre à Bruxelles, les 27 pays de l'UE ont décidé de durcir les règles contre l'immigration irrégulière, prévoyant d'"urgence" une loi pour accélérer les expulsions.
cor-kau-jz-cnp/rhl
E.Bekendorp--HHA