Droit à l'avortement et frontière: Harris et Trump en détour au Texas
Labourer les mêmes terres sans avoir les mêmes objectifs: Kamala Harris et Donald Trump ont tous les deux choisi le Texas vendredi, la première pour y parler du droit à l'avortement en compagnie de la superstar Beyoncé, le second pour y évoquer la crise migratoire.
C'est une étape peu orthodoxe dans la dernière ligne droite de cette course très serrée avant l'élection du 5 novembre qui divise comme jamais les hommes et les femmes.
Et qui fait bien des remous dans la presse américaine: le prestigieux Washington Post, qui avait soutenu les candidats démocrates lors des quatre dernières élections, a créé la surprise en annonçant vendredi que, cette fois, il ne se prononcerait pas.
Le directeur général du journal appartenant au milliardaire Jeff Bezos a invoqué un souci d'"indépendance".
A Houston, des centaines de personnes faisaient la queue en fin de journée devant le stade, juste avant le meeting de Kamala Harris, par une chaude soirée d'automne. La démocrate de 60 ans devrait être rejointe sur scène par "la reine Bey", chanteuse de "Crazy in Love" et icône du féminisme pop.
"Ce que j'attends de Kamala, c'est qu'elle explique véritablement son programme", déclare à l'AFP Petra Alexander, qui loue "l'empathie" de la vice-présidente.
"Trump est trop chaotique pour moi", renchérit E.D Jefferson, républicain de 62 ans. "C'est la deuxième fois que je vais voter démocrate. La première fois, c'était Obama", ajoute-t-il.
La vice-présidente n'a aucune chance de l'emporter dans l'Etat conservateur du sud mais elle l'a choisi pour illustrer une thématique forte de sa campagne: la défense du droit à l'avortement.
A ses côtés à Houston, des femmes viendront raconter l'impact, jusque dans leur chair, de l'interdiction des interruptions volontaires de grossesse décidée au Texas, après que la Cour suprême a mis fin en 2022 à la protection fédérale de ce droit.
Donald Trump, 78 ans, se félicite régulièrement d'être à l'origine de cette décision au travers de ses nominations de juges conservateurs.
- "Célébrités branchées" -
"Kamala est ici au Texas pour côtoyer des célébrités branchées", a raillé Donald Trump dans l'après-midi. "Mais elle ne rencontrera aucune des victimes des crimes commis par les migrants."
L'ex-président a de nouveau critiqué la porosité de la frontière sud des Etats-Unis, depuis un hangar d'avion à Austin, capitale du Texas. La veille, celui qui ne cesse de durcir sa rhétorique sur l'immigration avait estimé que les Etats-Unis étaient "devenus la poubelle du monde".
Le septuagénaire a aussi enregistré au Texas un podcast avec Joe Rogan, un animateur particulièrement populaire chez les hommes.
En s'y invitant, Donald Trump poursuit son offensive de campagne auprès des hommes, notamment les plus jeunes et ceux des classes populaires, que son discours macho attire de plus en plus.
Selon les sondages, le scrutin du 5 novembre, serré à l'extrême, pourrait révéler une fracture plus béante que jamais entre les électrices, qui penchent traditionnellement du côté démocrate, et les hommes, davantage conservateurs.
- "Fuite devant nos responsabilités" -
Les dernières enquêtes d'opinion montrent toujours les deux prétendants à la Maison Blanche dans un mouchoir de poche dans les sept Etats pivots qui décideront de la victoire. Ils sont chacun à 48% des intentions de vote, selon un sondage New York Times/Siena College.
C'est dans ce contexte d'extrême incertitude que le directeur général du Washington Post, a annoncé que le quotidien ne prendrait pas parti pour le scrutin du 5 novembre, et que le quotidien qui a révélé le scandale du Watergate s'abstiendrait aussi de le faire pour les élections futures.
"Nous sommes conscients que cette décision donnera lieu à de nombreuses interprétations, qu'elle sera vue comme un soutien implicite à l'un des candidats, ou au rejet d'un autre, ou comme une fuite devant nos responsabilités", écrit-il dans un message mis en ligne.
Vendredi le New York Post, tabloïd conservateur appartenant au magnat Rupert Murdoch, a lui appelé à voter pour Donald Trump.
Le 30 septembre, le comité de rédaction du prestigieux New York Times avait au contraire apporté son soutien à la candidate démocrate.
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O.Meyer--HHA