Immigration, Sahara: Macron invite le roi du Maroc à sceller un nouveau partenariat
Un "nouveau livre ensemble pour répondre aux défis du 21e siècle": le président français Emmanuel Macron a invité mardi le roi du Maroc Mohammed VI à sceller un nouveau partenariat, réaffirmant son soutien à la "souveraineté marocaine" au Sahara occidental mais demandant plus de "résultats" dans la lutte contre l'immigration illégale.
En ce 25e anniversaire du règne de Mohammed VI, "je vois l'occasion et la nécessité d'écrire ce livre nouveau", a lancé le chef de l'Etat dans une allocution solennelle de 45 minutes devant le Parlement à Rabat.
C'est "même un devoir stratégique" entre la France et le Maroc, mais aussi entre "l'Union européenne et le Maghreb et au-delà", a-t-il insisté au deuxième jour de sa visite d'Etat au Maroc.
Emmanuel Macron a invité le souverain à signer un nouveau "cadre stratégique" bilatéral en 2025 à Paris à l'occasion du 70e anniversaire de la Déclaration qui scella l'indépendance du Maroc de la France, à la Celle-Saint-Cloud le 6 novembre 1955.
Très attendu sur le Sahara Occidental, véritable "cause nationale" au Maroc, le président a réaffirmé que "le présent et l'avenir" de ce territoire disputé "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus.
L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
"Cette position n'est hostile à personne", a assuré Emmanuel Macron dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui a rappelé son ambassadeur à Paris après le pas de la France vers le royaume.
- "Attente forte" -
"Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales", a-t-il ajouté.
Sur la lutte contre l'immigration illégale, qui constitue une "attente forte en France", le chef de l'Etat a appelé à une "coopération naturelle et fluide" avec le Maroc et à "davantage encore de résultats".
Le nouveau ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille, doit rencontrer dans l'après-midi son homologue Abdelouafi Laftit pour voir comment accélérer les retours de Marocains en situation irrégulière arrêtés en France.
La décision de la France de diviser par deux le nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre plus de ressortissants avait conduit à de fortes crispations entre les deux pays.
Le nouveau gouvernement de droite de Michel Barnier a promis d'entamer des discussions "dans un esprit dialogue", en tirant les leçons des "erreurs du passé".
Le président français a été accueilli lundi en grande pompe par le roi Mohammed VI afin de retisser des liens aussi historiques que profondément distendus depuis trois ans par des brouilles, avec à la clé des contrats et investissements "jusqu'à dix milliards d'euros".
- Nouveaux contrats -
Et il participera à une séquence dédiée aux jeux vidéo en présence de professionnels français et marocains, afin d'aider au développement de la filière au Maroc.
Les accords portent sur le transport ferroviaire, les énergies renouvelables dont le Maroc entend devenir un champion, l'eau, le secteur portuaire ou encore la transition énergétique.
Alstom doit notamment prendre part à la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de train à grande vitesse Tanger-Marrakech en fournissant 12 à 18 rames. Le premier tronçon avait été inauguré par le roi et le président français en 2018.
Le Français TotalEnergies a pour sa part signé un des plus gros accords pour le développement de la filière d'hydrogène vert au Maroc.
Autre gros volet, Engie et l'Office chérifien des phosphates ont signé un accord de "partenariat dans la transition énergétique", dont les énergies renouvelables.
Accompagné par son épouse Brigitte Macron et une pléthorique délégation de ministres, patrons d'entreprise, intellectuels ou personnalités du spectacle, le président français a été salué lundi à sa descente d'avion par une longue poignée de main du monarque, en costume sombre et s'appuyant sur une canne, au son de 21 coups de canon.
F.Carstens--HHA