Après le G20, Lula déroule le tapis rouge pour Xi à Brasilia
Lula a accueilli mercredi en grande pompe Xi Jinping en visite d'Etat à Brasilia pour marquer le rapprochement entre Brésil et Chine, sur fond de "turbulences" engendrées par le prochain retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Tapis rouge, honneurs militaires, hymnes nationaux: après l'avoir rencontré au sommet du G20 à Rio de Janeiro, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, accompagné de son épouse Rosangela "Janja" da Silva, a très solennellement reçu son homologue chinois dans sa résidence présidentielle de l'Alvorada, dans la capitale du Brésil.
"Le Sud global est en ascension collective", a affirmé le chef de l'Etat chinois dans un article publié dans la presse brésilienne avant la visite.
La rencontre, qui sera suivie de la signature d'accords bilatéraux et d'une déclaration conjointe, a lieu dans un contexte international chargé, comme l'a montré un G20 dominé lundi et mardi par la crise climatique et la guerre en Ukraine.
Le retour de Donald Trump préfigure un virage isolationniste de la plus grande puissance mondiale, et une posture encore plus dure des Etats-Unis envers la Chine, particulièrement en matière commerciale.
"Le monde entre actuellement dans une nouvelle période de turbulences et de changement", a dit Xi en marge de la réunion des plus grandes économies mondiales.
Comme au sommet Asie-Pacifique quelques jours plus tôt à Lima, le président chinois est apparu comme l'homme fort du rendez-vous de Rio, face à Joe Biden, président américain sur le départ. Il y a multiplié les rencontres bilatérales.
"Xi Jinping cherche clairement à remplir le vide qui va surgir avec l'élection de Trump, qui ne valorise pas le multilatéralisme", dit à l'AFP Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation brésilienne Getulio Vargas.
- "Valeur ajoutée" -
Le leader chinois compte discuter d'une "amélioration des relations promouvant la synergie des stratégies de développement des deux pays", selon l'agence d'Etat chinoise Xinhua.
Le Brésil cherche, lui, à diversifier ses exportations vers la Chine "avec des produits brésiliens à plus forte valeur ajoutée", a souligné le secrétaire pour l'Asie du ministère brésilien des Affaires étrangères, Eduardo Paes.
Le géant asiatique est le premier partenaire commercial du Brésil, qui est son premier fournisseur de biens agricoles.
La puissance agricole sud-américaine exporte vers la Chine du soja et d'autres matières premières, tandis que le pays asiatique vend des semi-conducteurs, des téléphones, des voitures et des médicaments.
- Routes de la soie -
Le gouvernement Lula s'est toutefois montré très prudent face aux tentatives de la Chine de faire entrer le Brésil dans son programme d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie".
Plusieurs pays d'Amérique du Sud ont adhéré à cette initiative lancée en 2013, qui constitue un axe central de la stratégie de Pékin pour accroître son influence à l'étranger.
L'administration démocrate encore aux affaires aux Etats-Unis observe le ballet Brasilia-Pékin de près.
Washington conseille au Brésil d'"évaluer les yeux ouverts les risques et bénéfices d'un rapprochement avec la Chine", a déclaré à l'AFP Natalia Molano, une porte-parole du Département d'Etat.
"La Chine et l'Amérique latine et les Caraïbes ont le dernier mot sur le développement de leur relation", réplique une source diplomatique chinoise.
Quant à Lula, il vise une délicate position d'équilibre, sur ce dossier comme sur d'autres: "Ne croyez pas qu'en parlant avec la Chine je veux me brouiller avec les Etats-Unis. Au contraire, je veux les deux de notre côté", a-t-il affirmé il y a quelques mois.
F.Fischer--HHA