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Contre les bassines, la manifestation tourne à l'affrontement
Contre les bassines, la manifestation tourne à l'affrontement / Photo: Thibaud MORITZ - AFP

Contre les bassines, la manifestation tourne à l'affrontement

Une nouvelle manifestation interdite contre les bassines a donné lieu à de violents affrontements samedi dans les Deux-Sèvres, où des milliers de personnes ont convergé dont de nombreux militants radicaux, éclipsant le débat sur l'accès à l'eau.

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Un long cortège a commencé à défiler en fin de matinée, composé d'au moins 6.000 personnes selon la préfecture et d'environ 25.000 selon les organisateurs - le collectif d'associations "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.

Plus de 3.000 gendarmes et policiers ont été mobilisés, alors qu'"au moins un millier" d'activistes violents, en partie venus de l'étranger, sont présents et "prêts à en découdre avec les forces de l'ordre", selon les autorités.

 

A l'approche du chantier, aux allures de bastion médiéval avec son talus entouré par les forces de l'ordre, de violents affrontements ont éclaté rapidement avec des militants radicaux qui ont fait usage "de mortiers d'artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance", parmi d'autres projectiles, selon la gendarmerie, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes et un canon à eau notamment.

Pendant environ une heure, les abords de la bassine se sont transformés en scène de guerre, avec de très nombreuses détonations, observée de loin par la plupart des manifestants restés pacifiques. Plusieurs véhicules de gendarmerie ont pris feu.

Les assaillants ont ensuite reflué et un calme relatif était revenu dans l'après-midi, la foule ayant reculé.

Aucun bilan précis n'a été fourni pour l'instant. Plusieurs gendarmes ont été blessés, selon une source proche du dossier ; des blessés sont "en cours d'évacuation ou de localisation", selon la préfecture. Un photographe de presse a été touché à la tête et les organisateurs ont fait état d'un blessé "en urgence vitale".

- "Insupportable" -

"A Sainte-Soline, l'ultra gauche et l'extrême gauche sont d'une extrême violence contre nos gendarmes. Inqualifiable, insupportable", a réagi dans un tweet le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

"C'était un scénario écrit d'avance avec un positionnement démesuré de forces de l'ordre", a déploré à l'inverse le sénateur EELV d'Ille-et-Vilaine Daniel Salmon, venu manifester avec d'autres élus écologistes et LFI.

"Il y a des dizaines de milliers de personnes qui sont venues manifester en tout pacifisme, pour essayer de protéger notre accès à l'eau, c'est pas un petit sujet en ce moment", a souligné de son côté Sandra Regol, députée EELV du Bas-Rhin, sur BFMTV.

"Je n'ai aucun problème avec cette violence, même si je n'y prends pas part. Il y a de la violence partout en ce moment, à commencer par cette réforme des retraites (...) Je comprends que des gens aient la rage", a déclaré à l'AFP l'un de ces manifestants, un trentenaire venu du nord de la France.

"Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau", avaient lancé les organisateurs vendredi en installant leur "camp de base" dans une commune voisine.

Des armes avaient été saisies en amont du rassemblement - boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux et haches selon la gendarmerie - et 11 personnes interpellées, selon le parquet de Niort.

- Substitution -

Les affrontements ont largement éclipsé le débat de fond sur le partage de l'eau face au changement climatique.

La bassine de Sainte-Soline fait partie d'un ensemble de 16 retenues, d'une capacité totale de six millions de mètres cubes, programmées par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État.

Il vise à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient, selon un principe de "substitution". Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes.

Son coût de 70 millions d'euros est financé à 70% par des fonds publics en échange de l'adoption de pratiques agroécologiques par les bénéficiaires, une vaine promesse selon les opposants qui dénoncent un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" et réclament un moratoire sur le projet.

Cette manifestation, "c'est pas les écolos contre les agriculteurs. Il faut une concertation de la société sur ces sujets", a déclaré à l'AFP Vic, 29 ans, technicienne en maraîchage venue manifester pour la première fois depuis la Bretagne.

X.Nguyen--HHA