Les pays de l'Otan promettent d'aider l'Ukraine à braver l'hiver
Les pays membres de l'Otan réunis à Bucarest mardi se mobilisent pour aider l'Ukraine à passer l'hiver, avec l'annonce attendue d'une contribution financière "substantielle" de Washington pour faire face aux dommages causés par la Russie sur les infrastructures énergétiques de Kiev.
Le président russe Vladimir Poutine veut utiliser l'hiver comme "une arme de guerre" contre l'Ukraine avec des "attaques délibérées" contre des infrastructures civiles pour priver le pays de chauffage, d'électricité et d'eau, a dénoncé le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg.
L'objectif du Kremlin est d'"infliger autant de souffrances que possible aux civils ukrainiens pour essayer de briser leur engagement, leur unité dans la lutte contre l'invasion russe", a-t-il poursuivi, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan dans la capitale roumaine, où sera également présent leur homologue ukrainien Dmytro Kuleba.
Arrivé lundi soir à Bucarest, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken devait annoncer en fin de journée une aide financière "substantielle" à l'Ukraine dans le domaine de l'énergie, selon des hauts responsables américains.
Cette aide "sera substantielle et ce n'est pas fini", a indiqué à des journalistes l'un des hauts responsables s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, refusant de donner plus de détails ou le montant précis. Il a toutefois rappelé que l'administration Biden avait budgété 1,1 milliard de dollars pour l'énergie en Ukraine et en Moldavie.
L'aide américaine s'inscrit dans la perspective d'une conférence internationale des bailleurs de fonds en "soutien à la résistance civile ukrainienne", qui se tiendra le 13 décembre en France.
- "Envoyons des chars" -
La Russie s'est engagée début octobre dans une campagne de frappes de missiles massives visant l'infrastructure énergétique de l'Ukraine. Selon des chiffres cités par le gouvernement ukrainien, entre 25 à 30% de cette infrastructure a été endommagée.
"Ce que font les Russes, c'est de cibler spécifiquement des stations de transformation à haut voltage", et pas seulement les centrales électriques elles-mêmes, afin de perturber toute la chaîne énergétique, de la production à la distribution, a expliqué le responsable américain.
Pour le chef de l'Otan, "le message de nous tous sera qu'il nous faut en faire plus" pour aider Kiev, y compris en matière de défense aérienne.
"La Russie échoue sur le champ de bataille. En réponse, ils s'en prennent à des cibles civiles, à des villes car ils ne peuvent pas gagner des territoires", a-t-il ajouté.
"Cette tactique de cibler l'infrastructure civile, de l'énergie, est évidemment conçue pour essayer d'obtenir la soumission des Ukrainiens en les gelant", a dit pour sa part le ministre britannique James Cleverly. "Je ne pense pas que cela réussira".
Mais l'inquiétude grandit quant à la possibilité de soutenir ces efforts à long terme alors que les stocks commencent à s'épuiser.
"Restons calmes et envoyons des chars", a lancé le Lituanien Gabrielius Landsbergis.
L'UE a pour sa part demandé à actionner le mécanisme de protection civile, livrant via ce mécanisme quelque 500 générateurs à l'Ukraine, ainsi que 2.000 tentes adaptées aux conditions hivernales, fruit d'une coopération entre 17 Etats membres.
La France a contribué de son côté via 100 générateurs arrivés au hub européen de Suceava, en Roumanie, qui seront remis prochainement à l'Ukraine, a-t-on indiqué de source française.
La Roumanie, ainsi que la Moldavie voisine, a été durement impactée par la guerre en Ukraine et plus de 2 millions de personnes y ont transité en fuyant ce pays. Bucarest accueille à ce jour près de 86.000 réfugiés.
Outre la guerre en Ukraine, les ministres de l'Otan feront un point d'étape sur l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'organisation, déjà ratifiée par 28 des 30 pays membres mais qui reste suspendue au feu vert de la Turquie et de la Hongrie.
Les ministres finlandais, suédois et turc devaient se rencontrer mardi en marge de la réunion mais Ankara a douché les espoirs d'un dénouement rapide.
A.Gonzalez--HHA