Hong Kong: report du procès du magnat pro-démocratie Jimmy Lai
Le procès du magnat de la presse pro-démocratie Jimmy Lai, actuellement en détention, a été reporté jeudi, le gouvernement hongkongais ayant demandé à Pékin d'interdire à l'accusé d'être représenté par un avocat britannique.
Jimmy Lai et plusieurs dirigeants du journal Apple Daily, désormais fermé, sont poursuivis pour "collusion avec des forces étrangères", une infraction à la drastique loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin passible de la prison à perpétuité.
Après que les tribunaux locaux ont déclaré que l'avocat basé à Londres, Tim Owen, pouvait représenter M. Lai, le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a demandé à l'organe législatif suprême de la Chine de décider si des avocats étrangers peuvent prendre part à des dossiers relevant de la sécurité nationale.
Le procès devait s'ouvrir jeudi, mais il a été ajourné au 13 décembre pour permettre aux procureurs de proposer un nouveau calendrier, dans l'attente d'une réponse de Pékin.
Les avocats de la défense ont également révélé que les services d'immigration du territoire autrefois semi-autonome avaient "suspendu la prolongation" du visa de travail actuel de M. Owen sans en donner la raison.
M. Owen, un "king's counsel" - c'est-à-dire un juriste britannique éminent - a déjà travaillé à Hong Kong dans le cadre d'affaires très médiatisées notamment.
Le gouvernement avait fait valoir devant les tribunaux que le fait de laisser des avocats étrangers plaider dans des affaires relevant de la sécurité nationale présentait un risque car il n'y a aucun moyen de garantir la confidentialité des secrets d'Etat.
Lorsque la Cour d'appel final s'est prononcée contre le gouvernement lundi, le chef de l'exécutif M. Lee a annoncé qu'il demanderait à la Chine d'intervenir en publiant une "interprétation" de cette loi imposée mi-2020 par Pékin pour mettre fin au mouvement pro-démocratie.
C'était la première fois que Hong Kong invoquait le mécanisme prévu par la loi sur la sécurité nationale, qui permet à Pékin d'avoir le dernier mot sur la manière dont fonctionne cette loi.
Déjà derrière les barreaux pour son rôle dans les manifestations pro-démocratie qui ont secoué le territoire chinois en 2019, M. Lai, 74 ans, est l'une des figures de proue de ce mouvement. Il encourt la prison à vie.
Pendant des années, son tabloïd Apple Daily a critiqué le pouvoir chinois avant d'être contraint de fermer mi-2021 après un gel de ses fonds et l'arrestation de certains de ses cadres, parmi lesquels son fondateur Jimmy Lai.
A.Wulhase--HHA