La Chine allège ses règles sanitaires, Omicron permet la "souplesse" selon Xi
Plusieurs villes chinoises ont encore allégé les règles draconiennes anti-Covid vendredi, le président Xi Jinping faisant valoir que le variant Omicron du virus, moins mortel, permet "plus de souplesse" dans les restrictions.
Les manifestations des derniers jours pour réclamer la fin des restrictions s'expliquent par le fait que "les gens étaient frustrés" après trois ans d'épidémie, a également expliqué Xi Jinping au président du Conseil européen Charles Michel, durant un entretien jeudi à Pékin, selon un responsable européen s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
Charles Michel, qui représente les 27 Etats membres de l'UE, était en visite mercredi et jeudi à Pékin, où il a rencontré le président chinois.
M. Xi a justifié l'assouplissement de la politique anti-Covid, soulignant que désormais, le variant du "Covid en Chine est principalement Omicron, moins mortel, ce qui ouvre la voie à plus de souplesse dans les restrictions", selon le responsable européen.
La colère des Chinois à l'égard de la ligne dure sanitaire en matière de lutte contre la pandémie avait débordé dans les rues le week-end dernier, une mobilisation d'une ampleur inédite depuis des décennies.
La Chine a rapidement réagi pour étouffer le mouvement, avec une forte présence policière dans les rues et un renforcement de la surveillance des réseaux sociaux.
En parallèle, plusieurs villes ont commencé à assouplir les restrictions, comme l'abandon des tests quotidiens de masse, un des piliers fastidieux de la vie sous le règne du "zéro-Covid", en place depuis près de trois ans.
Ce qui n'a pas empêché pas des échauffourées sporadiques.
Des images publiées jeudi soir sur internet et géolocalisées par l'AFP montrent des dizaines de personnes face à des agents en combinaison intégrale de protection devant un collège de Yicheng, dans la province du Hubei (centre).
Selon la personne qui a publié la vidéo, il s'agit de parents dont les enfants ont été testés positifs et acheminés dans des installations de quarantaine.
Sur les images, on voit des personnes en venir aux mains et des parents s'agenouiller, implorant de pouvoir ramener leurs enfants à la maison.
Toute personne testée positive en Chine doit en théorie être placée dans un centre de quarantaine, au confort variable. Mais un radical changement de doctrine semble être à l'oeuvre.
- Quarantaine à domicile -
Dans une analyse publiée vendredi par le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, plusieurs experts médicaux soutiennent les mesures prises par certaines autorités locales pour autoriser cette quarantaine à domicile.
Des responsables de certains quartiers du district de Chaoyang à Pékin ont indiqué que cette mesure est désormais appliquée dans leur zone.
La ville industrielle de Dongguan (sud) a annoncé jeudi que les personnes remplissant des "conditions spécifiques" pourront effectuer la quarantaine chez elles - sans détailler ces conditions.
La mégalopole technologique de Shenzhen (sud), applique une politique similaire depuis mercredi.
Au niveau national, des membres du gouvernement ont aussi signalé qu'un assouplissement plus large de la politique pourrait être envisagé.
Mercredi, devant le ministère de la Santé, la vice-Première ministre Sun Chunlan a reconnu la faible dangerosité des variant Omicron et l'amélioration du taux de vaccination. Figure centrale de la stratégie chinoise face à la pandémie, Mme Sun n'a pas mentionné le terme de "zéro Covid", laissant espérer que cette stratégie serait bientôt assouplie.
Dès lundi, les Pékinois pourront à nouveau emprunter le bus et le métro sans avoir à présenter un résultat de test PCR négatif datant de moins de 48 heures, a annoncé vendredi la mairie.
Les usagers devront toutefois continuer à présenter un pass sanitaire au vert, confirmant qu'ils n'ont pas traversé une zone "à haut risque".
La même mesure est en place depuis vendredi à Chengdu (sud-ouest).
- Hôtels et restaurants -
A Pékin toujours, les autorités sanitaires ont appelé jeudi les hôpitaux à cesser de refuser des soins en l'absence de test PCR de moins de 48 heures.
La Chine a connu une série de décès, quand les soins ou les secours ont été retardés par les strictes mesures anti-Covid.
En janvier, une femme enceinte à Xi'an (nord) avait ainsi perdu son bébé, après le refus de l'hôpital de la prendre en charge faute de test PCR valide.
Ces décès ont été un cri de ralliement pendant les manifestations, un post devenu viral énumérant les cas de tous ceux qui sont morts à cause de négligences liées aux restrictions sanitaires.
De nombreuses autres villes, pourtant touchées par une recrudescence des cas de coronavirus, autorisent désormais la réouverture des restaurants, des centres commerciaux et même des écoles, s'écartant des règles de confinement qui prévalaient jusqu'ici.
Dans la ville d'Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), où un incendie mortel avait déclenché les premières manifestations, les autorités ont annoncé vendredi que supermarchés, hôtels, restaurants et stations de ski seraient progressivement rouverts.
Cette ville de plus de quatre millions d'habitants a subi l'un des plus longs confinements de Chine. L'incendie d'un immeuble d'habitation, le 26 novembre, y avait fait 10 morts. Les restrictions ont été accusées d'avoir retardé les secours.
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I.Hernandez--HHA