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Energies renouvelables: les macronistes se tournent vers la gauche de l'Assemblée
Energies renouvelables: les macronistes se tournent vers la gauche de l'Assemblée / Photo: Lionel BONAVENTURE - AFP

Energies renouvelables: les macronistes se tournent vers la gauche de l'Assemblée

Cap à gauche: l'examen du projet de loi pour accélérer l'installation d'éoliennes et de panneaux solaires en France a démarré lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée, où les macronistes tablent sur des alliances avec les socialistes et les écologistes pour surmonter les réticences des LR.

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Au coup d'envoi des débats, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a appelé à éviter les "postures dogmatiques" et à ne "pas opposer les technologies entre elles", alors qu'un autre texte en faveur du nucléaire est attendu dans les mois qui viennent.

Elle a souligné le "retard de la France" en matière d'énergies renouvelables (EnR), le "seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs".

Car les EnR ne représentent pour l'heure que 19,3% de la consommation finale brute d'énergie, déjà en deçà de l'objectif fixé en 2020 de 23%. La France reste encore trop dépendante des énergies fossiles importées, un sujet rendu brûlant par les craintes de coupures de courant en janvier.

"65% de notre consommation énergétique est de l'énergie fossile importée", a lancé à la tribune de l'Assemblée le rapporteur Pierre Cazeneuve (Renaissance), regrettant une "extraordinaire dépendance, mais aussi un impact conséquent sur nos émissions de gaz à effet de serre".

Après s'être appuyée sur la droite pour ses précédents textes, la majorité change cette fois de pied pour ce projet de loi, au programme pendant deux semaines avec près de 3.000 amendements.

Le gouvernement assure reprendre des revendications socialistes, écologistes et du groupe centriste indépendant Liot. "Toutes les conditions sont réunies pour qu'ils votent ce texte", lance Mme Pannier-Runacher.

L'exécutif, sans majorité absolue à l'Assemblée, invoque le "compromis" trouvé au Sénat, où le texte a été largement adopté avec l'appui de la droite.

"J'ai confiance dans la représentation nationale et je vois qu'un accord assez large a été trouvé au Sénat. Donc, je suis confiant", a assuré Emmanuel Macron samedi dans Le Parisien.

A l'horizon 2050, le chef de l'Etat vise la multiplication par dix de la capacité de production d'énergie solaire afin de dépasser les 100 gigawatts (GW) et le déploiement de 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW, une marche très haute.

Les députés LR eux ont déjà souligné leurs "lignes rouges". Ils voudraient réintroduire des mesures auxquelles le Sénat a en partie renoncé: un droit de veto des maires, et l'interdiction des éoliennes en mer à moins de 40 kilomètres des côtes.

"Voir les LR de l'Assemblée aller à l'encontre des LR du Sénat, c'est toujours surprenant", grince le macroniste Pierre Cazeneuve auprès de l'AFP.

Le RN veut lui aussi contester le texte, par opposition aux éoliennes, des "énergies intermittentes qui nous rendent dépendants de la météo en plus d'être dépendants d'autres pays", critique le député Pierre Meurin.

- Bienveillance à gauche ? -

A gauche, les socialistes ont déjà fait part de leur regard "plutôt bienveillant" et les écologistes "pourraient venir en soutien" si le texte est "cohérent".

Mme Pannier-Runacher assure les rejoindre dans leur volonté d'utiliser "au maximum les zones déjà artificialisées pour installer des EnR: toitures, parkings, le long des voies ferroviaires et fluviales...".

Et le gouvernement a déposé deux amendements pour mettre en place un "médiateur" et un "observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité", allant dans le sens des revendications des Verts.

Les insoumis déplorent eux d'être "loin du texte de planification écologique et d'écologie populaire dont le pays a besoin".

L'examen en commission a été marqué par la suppression d'un article clé visant à limiter certains recours juridiques contre les projets d'énergies renouvelables. L'exécutif compte le réintroduire.

Des députés écolos, LR ou RN y voient une menace pour la "biodiversité", ce que conteste le camp présidentiel.

Souvent technique, ce projet de loi aborde une batterie de sujets dont l'agrivoltaïsme - l'installation de panneaux solaires sur des terres agricoles - avec un équilibre à trouver entre souverainetés énergétique et alimentaire.

Côté ONG, WWF appelle à "dépasser les postures partisanes" pour "trouver un accord". Le secteur de l'éolien a pour sa part exhorté samedi les députés à amender "significativement" le texte pour "permettre à la France de répondre à ses propres besoins énergétiques".

Ch.Brandes--HHA