Ukraine : Zelensky près du front, nouvelle attaque au drone sur une base russe
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu mardi près du front, non loin de Bakhmout, le principal champ de bataille de l'est de l'Ukraine où l'armée ukrainienne résiste depuis des mois à une offensive russe.
Ce déplacement intervient également au moment où la Russie accuse son voisin de multiplier les attaques de drones contre des aérodromes sur son territoire.
Des frappes que Kiev ne reconnaît pas, mais qui illustrent les difficultés que rencontre l'invasion déclenchée le 24 février par Vladimir Poutine.
Le président Volodymyr Zelensky a diffusé deux vidéos de lui dans le Donbass, une région dont Moscou a revendiqué l'annexion en septembre, sans pour autant la contrôler totalement.
"L'est de l'Ukraine est l'axe (du front) le plus difficile", a dit M. Zelensky à des militaires, à l'occasion de la journée des forces armées. "Merci pour votre résilience", a-t-il ajouté, avant de remettre des décorations à certains de ces hommes.
Dans une autre vidéo réalisée devant l'entrée de la ville de Sloviansk, le chef de l'Etat ukrainien a salué "tous ceux qui ont donné leur vie à l'Ukraine".
M. Zelensky se rend régulièrement près du front, chose que le maître du Kremlin n'a jusqu'ici jamais faite, préférant les visio-conférences de son bureau ou de sa résidence.
Vladimir Poutine n'a effectué que de rares déplacements, comme lundi, en Crimée annexée, où des images l'ont montré en train de conduire un camion sur le pont reliant cette péninsule à la Russie, qui avait été partiellement détruit début octobre par une attaque attribuée par Moscou à Kiev.
Sloviansk est en outre une cité symbole car elle avait été occupée en 2014 pendant quelques mois par des séparatistes prorusses armés par la Russie avant d'être reprise par les Ukrainiens.
Elle est également située à 45 kilomètres de Bakhmout, que les forces russes tentent de conquérir depuis l'été au prix de destructions considérables, sans y parvenir pour le moment.
Moscou y a déployé non seulement des soldats, mais aussi les hommes du groupe paramilitaire Wagner qui a recruté des repris de justice.
La prise de Bakhmout constituerait enfin un succès pour les Russes, qui, depuis l'automne, essuient les revers, forcés à des retraites dans le nord-est et le sud.
Face à la multiplication de ces défaites humiliantes, le Kremlin a aussi décidé, depuis octobre, de concentrer ses attaques sur les installations énergétiques ukrainiennes, privant d'électricité, voire d'eau et de chauffage, la population, au moment même où l'hiver arrive avec ses température négatives, sa neige et sa glace.
- "Facteur dangereux" -
Mardi encore, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a expliqué ces "frappes massives" par la nécessité de "réduire le potentiel militaire de l'Ukraine".
Si le Kremlin ne cesse de jurer qu'il viendra à bout de la résistance ukrainienne, les derniers mois se sont avérés très difficiles pour les militaires russes, face à des Ukrainiens motivés et armés par leurs alliés occidentaux.
M. Poutine a dû déjà se résoudre à mobiliser 300.000 réservistes, des civils donc, pour renforcer ses lignes.
Moscou a en outre dénoncé ces deux derniers jours des attaques ukrainiennes sur des aérodromes militaires, dont deux, ciblés lundi, qui se situent à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière. Kiev n'a pas admis officiellement une quelconque responsabilité dans ces actions.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part qualifié ces attaques de "facteur dangereux", ajoutant, sans fournir de précisions, que "des mesures nécessaires seront prises".
Mardi matin, une autre attaque au drone dans la zone de l'aérodrome de Koursk, près de la frontière ukrainienne cette fois-ci, a mis le feu à un réservoir de pétrole.
Le président Poutine a, de son côté, réuni son Conseil de sécurité pour parler de questions liées à la "sécurité intérieure", a dit sans plus de précisions M. Peskov.
Et Kiev et Moscou ont procédé à un nouvel échange de prisonniers, a annoncé le ministère russe de la Défense, notant dans un communiqué que "60 militaires russes" avaient été libérés mardi dans cette opération.
Sur le front des sanctions, la Russie a continué de minimiser l'importance du plafonnement du prix de son brut par les Occidentaux, qui tentent ainsi de réduire la manne pétrolière finançant son effort de guerre.
"Je n'ai aucun doute qu'il y aura des acheteurs pour nos produits" pétroliers, a lâché le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
H.Rathmann--HHA