Russie: l'opposant Ilia Iachine condamné pour avoir dénoncé l'offensive en Ukraine
Un tribunal de Moscou a reconnu vendredi l'opposant Ilia Iachine coupable d'avoir diffusé de "fausses informations" sur l'armée russe en critiquant l'offensive en Ukraine, une condamnation illustrant le climat de répression implacable en Russie.
La cour a reconnu Ilia Iachine coupable d'avoir commis le "crime" consistant à diffuser de fausses informations sur l'armée russe, a déclaré la présidente du tribunal, selon une correspondante de l'AFP sur place.
La peine de cet opposant charismatique, âgé de 39 ans, devait être annoncée à la fin de l'énoncé du verdict, ce qui prend parfois plusieurs heures. Le procureur avait requis neuf ans de prison.
Le procès de M. Iachine était particulièrement suivi en Russie, car il était l'un des derniers opposants russes de premier plan à ne pas avoir fui le pays ou à ne pas avoir été emprisonné.
Signe de la tension ambiante, le procès a été marqué par plusieurs débordements. Lors d'une audience fin novembre, une échauffourée a éclaté devant la salle, des agents de sécurité du tribunal plaquant le père de l'opposant au sol.
Vêtu d'un sweat-shirt gris, menotté, M. Iachine est arrivé vendredi en souriant au tribunal, multipliant clins d'oeil et gestes de la main en direction de ses proches et trouvant même l'occasion de plaisanter.
"Je crois bien que la juge n'a pas envie de lire le verdict", a-t-il lancé, alors que la magistrate tardait à faire son entrée dans la salle d'audience.
- "Impunité" -
L'opposant était poursuivi sur la base d'articles du code pénal introduits peu après le début de l'offensive en Ukraine et qui punissent ceux qui "discréditent" l'armée russe ou "publient de fausses informations" sur ses agissements.
Ces textes sont vagues et leur champ d'application très large. Les détracteurs du Kremlin y voient un outil "fourre-tout" pour poursuivre toutes les voix critiques.
Malgré son arrestation, M. Iachine a continué de critiquer les autorités de façon acerbe et de dénoncer l'intervention militaire en Ukraine.
Début novembre, il avait accusé les juges russes d'être des "serviteurs" du pouvoir et de donner à M. Poutine un "sentiment d'impunité".
M. Iachine était un proche de l'opposant Boris Nemtsov, assassiné en 2015, mais aussi du militant anti-corruption Alexeï Navalny, emprisonné depuis début 2021 après avoir survécu à un empoisonnement qu'il attribue au Kremlin.
Son procès faisait partie des multiples affaires judiciaires lancées contre des responsables politiques d'opposition ou simples particuliers ayant critiqué l'offensive russe en Ukraine.
En juillet, un député municipal d'opposition à Moscou, Alexeï Gorinov, a été jugé pour diffusion de "fausses informations" sur l'armée russe après avoir dénoncé le conflit en Ukraine et condamné à sept ans de prison.
F.Schneider--HHA