A Ryad, Xi Jinping promet des liens renforcés avec les pays arabes du Golfe
Le président chinois Xi Jinping a plaidé vendredi, lors de sommets en Arabie saoudite, pour des liens étroits, sécuritaires et énergétiques, avec les monarchies arabes du Golfe, une région riche en hydrocarbures, longtemps perçue comme le pré carré des Etats-Unis.
Au troisième et dernier jour de sa visite, Xi Jinping a participé à un sommet avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et à un autre élargi à des dirigeants arabes à Ryad.
Ces rencontres ont suivi des entretiens bilatéraux jeudi avec les dirigeants saoudiens au terme desquels Ryad et Pékin ont souligné "l'importance de la stabilité" sur les marchés pétroliers, un point de friction avec les Etats-Unis qui ont exhorté les Saoudiens à augmenter leur production.
"La Chine continuera à soutenir fermement les pays du CCG en vue de maintenir leur sécurité (...)", a déclaré Xi Jinping après le sommet avec le CCG (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman).
Xi Jinping a en outre déclaré que la Chine utiliserait une plateforme basée à Shanghai "pour régler en RMB (yuan) le commerce du pétrole et du gaz", une décision qui, en cas d'accord des pays du Golfe, pourrait affaiblir la domination mondiale du dollar américain.
Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse à Ryad, le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal ben Farhan a déclaré qu'il n'avait "rien à ajouter".
- Rivalité -
Le pétrole d'Arabie saoudite représentait à lui seul 17% des importations chinoises en 2021 et, le mois dernier, le Qatar a annoncé un accord de gaz naturel de 27 ans avec la Chine.
La Chine est le premier importateur de pétrole brut au monde et l'Arabie saoudite, chef de file du CCG, est le premier exportateur au monde.
La visite du président chinois, la première en Arabie saoudite depuis 2016, est intervenue dans un contexte de rivalité avec les Etats-Unis, partenaire militaire stratégique des pays arabes du Golfe.
Mais les relations historiques entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite se sont tendues notamment sur la question des violations des droits humains et le pétrole.
Le refus de Ryad d'augmenter sa production pour limiter l'envolée des prix, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine en février, a provoqué l'ire de Washington.
Les Etats-Unis ont réagi à la visite de Xi Jinping, en mettant en garde contre "l'influence que la Chine veut gagner dans le monde entier".
Les responsables saoudiens ont maintes fois souligné leur attachement à des liens étroits avec les Etats-Unis, mais affirmé qu'ils n'hésiteraient pas à explorer des relations ailleurs.
"Nous cherchons la coopération avec toutes les parties. La concurrence est une bonne chose", a dit le prince Fayçal, ajoutant que son pays continuerait à entretenir des relations solides avec les Etats-Unis "dans tous les domaines".
"Nous continuerons de travailler avec tous nos partenaires (...) Nous ne croyons pas à la polarisation", a-t-il ajouté.
- Accords signés -
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, s'est adressé aux deux sommets en promettant "la poursuite de la coopération sino-arabe au service de nos objectifs communs et des aspirations de nos peuples".
Les dirigeants d'Egypte, de Tunisie, de Jordanie ainsi que le président palestinien ont notamment participé au sommet sino-arabe.
Jeudi, Xi Jinping a signé avec les dirigeants saoudiens une quarantaine d'accords dans différents domaines, allant de l'hydrogène au logement. Les détails n'ont pas été dévoilés.
Les pays du Golfe, partenaires clé de Washington, ont accru ces dernières années leurs liens avec la Chine avec l'objectif de diversifier leurs relations stratégiques et de réduire la dépendance de leurs économies aux hydrocarbures.
Le géant asiatique cherche quant à lui à relancer et élargir sa sphère d'influence, notamment à travers son initiative des "nouvelles routes de la soie", vaste projet international d'investissements.
Mais les pays du Golfe ne sont pas si unis et "semblent plus investis dans l'avancement des liens bilatéraux" avec Pékin, souligne Robert Mogielnicki, du centre de réflexion Arab Gulf States Institute, basé à Washington.
E.Bekendorp--HHA