Les écologistes d'EELV s'accordent et portent Marine Tondelier à leur tête
Ayant rallié ses concurrentes, Marine Tondelier a succédé samedi sans encombres à Julien Bayou à la tête d'Europe Ecologie Les Verts, et aura la lourde tâche de redresser un parti fragilisé par ses divisions et "l'affaire" Bayou.
La secrétaire nationale prend les rênes d'un parti en crise après le résultat décevant de Yannick Jadot à la présidentielle (4,6%), mais aussi empêtré dans un duel entre l'ex-candidat et la députée écofeministe Sandrine Rousseau, et enfin dans la tourmente des accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne portées contre le secrétaire national sortant Julien Bayou, qui s'en défend.
La motion de synthèse qu'elle a proposée, et qui rassemble autour de sa ligne ses autres concurrentes, a recueilli 90,8% des voix des 400 délégués du Congrès.
A 36 ans, Marine Tondelier, issue de la direction sortante, a pour ambition de refonder EELV -dont elle souhaite changer le nom-, en modifiant ses règles internes, souvent considérées comme complexes et peu propices à la conquête du pouvoir.
L'élue nordiste, qui défend une "écologie populaire", souhaite "massifier" le parti et rassembler un million de sympathisants écologistes d'ici la fin de son mandat.
Sa victoire n'est pas une surprise, puisque sa motion était arrivée largement en tête du premier tour, le 26 novembre, avec 47% des voix des adhérents.
Cette ancienne assistante parlementaire de Cécile Duflot, proche du maire de Grenoble Eric Piolle, est depuis 2014 élue d'opposition face au maire RN Steeve Briois à Hénin-Beaumont, ancienne ville minière où elle vit et d'où sont originaires ses parents et grands-parents. Elle siège aussi depuis 2021 dans l'opposition au Conseil régional des Hauts-de-France présidé par Xavier Bertrand (LR).
"C'est quelqu'un qui ne vient pas d'une métropole, peut faire entendre une voix différente et qui a un long combat contre le RN", salue Kelim Ledun, délégué du Pas-de-Calais de 27 ans.
"Elle est collective, pugnace, et déterminée", a souligné Yannick Jadot, qui "s'inscrit dans sa ligne politique, l'écologie de la responsabilité".
Après plusieurs jours de tractations, Marine Tondelier a rassemblé autour d'elle quatre de ses concurrentes, toutes des femmes, dont deux avaient obtenu plus de 10% au premier tour: Sophie Bussière (18%), proche de Yannick Jadot, et Mélissa Camara (13,5%), soutenue par Sandrine Rousseau et une partie de l'aile gauche d'EELV.
Mais la secrétaire nationale, qui a fait campagne sur le "collectif" en dénonçant les querelles intestines qui divisent le parti, n'aura pas réussi à s'épargner des tensions internes.
- "Gages de solidarité" -
Après avoir quitté un temps les discussions, l'équipe de Mélissa Camara, qui prône "rupture et radicalité", fait finalement partie de la direction.
Au coeur des négociations notamment, la répartition des 15 postes. La ligne Tondelier en obtient 8, dont un secrétaire nationale adjoint, François Thiollet, et une porte-parole, Aminata Niakaté, cheffe des écologistes au Conseil de Paris.
L'ex-motion de Sophie Bussière obtient 3 postes (dont celui de porte-parole pour Mme Bussière), celle de Mélissa Camara 2 postes (Mme Camara sera chargée de la formation et de la mobilisation). Claire Desmares, qui portait l'une des motions, devient secrétaire nationale adjointe, et Hélène Hardy, qui défendait un autre texte, est chargée de l'écologie populaire.
Jugeant que la ligne a été clairement choisie au premier tour, Marine Tondelier avait posé ses exigences: la motion de synthèse s'est basée sur sa motion initiale. Elle y promet une liste EELV indépendante aux Européennes de 2024 et, sans rejeter la Nupes, veut donner la priorité à la création d'un "grand mouvement de l'écologie politique".
Un point sensible pour l'équipe de Mélissa Camara, qui défend la possibilité d'une liste commune de gauche aux Européennes.
Marine Tondelier a aussi réclamé de la part de ses partenaires des "gages de solidarité", estimant que représenter le parti signifie ne pas le critiquer à l'extérieur.
Les conditions ont finalement été acceptées par toutes: "Il nous reste très peu de temps face aux enjeux climatiques", a estimé Mélissa Camara auprès de l'AFP. "Il faut qu'on travaille tous ensemble, à gagner la bataille culturelle".
O.Meyer--HHA