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Pérou: le Parlement refuse les élections anticipées malgré les troubles, 5.000 touristes bloqués
Pérou: le Parlement refuse les élections anticipées malgré les troubles, 5.000 touristes bloqués / Photo: MARTIN BERNETTI - AFP

Pérou: le Parlement refuse les élections anticipées malgré les troubles, 5.000 touristes bloqués

Le Parlement péruvien, largement discrédité dans l'opinion publique, a refusé vendredi d'avancer les élections générales, alors que le pays est secoué par une grave crise politique, avec des manifestations sévèrement réprimées qui ont fait 18 morts, et que 5.000 touristes sont bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu.

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L'échec du projet de loi, déposé par un parti qui était jadis dans l'opposition au président destitué le 7 décembre, Pedro Castillo, place la nouvelle présidente Dina Boluarte dans une situation difficile, et risque d'exacerber les manifestants dont deux des principales revendications étaient des élections générales immédiates et la dissolution du Parlement.

La proposition visant à avancer le scrutin d'avril 2026 à décembre 2023, n'a recueilli que 49 voix alors qu'il en fallait 87. Au total, 33 députés ont voté contre et 25 se sont abstenus, selon le décompte. Son approbation aurait raccourci le mandat des députés.

Mme Dina Boluarte --ancienne vice-présidente qui a succédé à M. Castillo-- , avait annoncé vouloir avancer les élections pour tenter d'enrayer la contestation.

Celle-ci et sa répression s'aggravent au Pérou avec désormais 18 morts, selon le ministère de la Santé.

Plusieurs victimes ont été tuées par des balles tirées par la police et l'armée. 147 personnes ont été arrêtées, selon une ONG de défense des droits de l'Homme.

"Le Pérou doit mettre fin aux violences contre les enfants lors des manifestations et enquêter sur ces violences", a exhorté le Comité des droits de l'enfant des Nations Unies. Plusieurs mineurs ont perdu la vie lors de rassemblements.

"Je regrette les événements tragiques qui ont coûté la vie à plusieurs compatriotes dans diverses régions du pays, il faut que cela cesse", a lancé vendredi la présidente qui appelle "une fois de plus au calme". "Pensons à nos familles, à nos enfants, à tous les Péruviens qui ont besoin de vivre en paix pour continuer à travailler".

- "Tirs tendus" -

Le 7 décembre, le président déchu de gauche radicale Pedro Castillo, 53 ans, avait ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour "incapacité morale". Il avait vainement tenté de trouver refuge dans l’ambassade du Mexique et été arrêté. Placé 7 jours en détention provisoire, la Cour suprême a étendu son incarcération à 18 mois.

Les manifestations se poursuivaient vendredi notamment à Arequipa (sud), Huancayo (centre), Cuzco (sud-est), Ayacucho (sud) ou Puno (à la frontière bolivienne).

Outre la dissolution du Parlement et des élections, les manifestants exigent la libération de M. Castillo et la démission de Mme Boluarte.

Débordé, le gouvernement a décrété mercredi l'état d'urgence sur tout le territoire.

"L'état d'urgence ne permet pas de protéger le droit à la vie", s'est inquiétée vendredi auprès de l'AFP la Défenseure du Peuple (Médiatrice de la république) Eliana Revollar, qui a déploré "huit morts en une journée (jeudi) de manifestations et d'affrontements avec l'armée", à Ayacucho.

Jeudi, les manifestants avaient tenté d'investir l'aéroport mais avaient été repoussées par l'armée, autorisée à intervenir en raison de l'état d'urgence.

Les soldats "ont été encerclés par la foule qui s'approchait. Ils ont reçu l'ordre de menacer de tirer, puis de tirer en l'air mais plus tard il y a eu des tirs tendus", a-t-elle dit. "Cela mérite une enquête criminelle, il y a des gens qui sont morts de blessures par balle".

En outre, six décès ont été recensés à la suite d'événements liés aux blocages routiers, notamment l'impossibilité de rejoindre un hôpital.

Quelque 400 personnes ont été blessées. Selon le ministère de la Défense, plus de 300 d'entre eux sont des membres des forces de l'ordre.

- Bloqués au Machu-Picchu -

Cinq aéroports étaient fermés vendredi matin dans le sud du pays, Andahuaylas, Arequipa, Puno, Ayacucho et Cuzco, capitale touristique du pays, où ce dernier a rouvert en début d'après-midi, selon le ministère de la Défense.

Cela a permis le début de l'évacuation des touristes bloqués par la crise, selon des images diffusées par le ministère.

Dans la matinée, Darwin Baca, maire de Machu Picchu, avait déclaré à l'AFP que "5.000 touristes" étaient bloqués à Cuzco.

Sur le site de la citadelle inca de renommée mondiale, quelque 200 touristes, principalement des Nord-Américains et des Européens, ont dû quitter la zone à pied, longeant la voie de chemin de fer pour rejoindre la ville d'Ollantaytambo, à 30 km, où les attendaient des bus.

Le train entre la citadelle de pierre et Cuzco, l'ancienne capitale de l'empire inca, située à 110 km, est en effet l'unique moyen moderne de se rendre au joyau du tourisme péruvien.

T.Schmidt--HHA