Le Kremlin ne voit "aucune volonté d'écouter la Russie" après la visite de Zelensky à Washington
Le Kremlin a dénoncé jeudi une absence de "volonté d'écouter la Russie" après la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, lors de laquelle il a reçu de nouvelles promesses d'aides, preuve pour Moscou que Washington mène une "guerre indirecte" en Ukraine.
Lors de ce voyage, son premier à l'étranger depuis le début de l'offensive russe en février, M. Zelensky a été reçu en héros à Washington, s'entretenant avec son homologue Joe Biden et prononçant un discours sous les applaudissements des parlementaires américains.
"Jusqu'à présent, nous pouvons constater avec regret que ni le président (américain Joe) Biden ni le président Zelensky n'ont dit quoi que ce soit qui puisse être perçu comme une volonté potentielle d'écouter les préoccupations de la Russie", a réagi jeudi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Selon M. Peskov, il n'y a pas eu lors de cette visite "de véritables appels à la paix" ou de "mises en garde" américaines à M. Zelensky contre "la poursuite du bombardement des immeubles résidentiels dans les zones peuplées du Donbass", région de l'est de l'Ukraine en partie contrôlée par des séparatistes prorusses et régulièrement visée par les forces ukrainiennes.
"Cela montre que les Etats-Unis poursuivent leur ligne de guerre de facto et indirecte avec la Russie, jusqu'au dernier Ukrainien", a ajouté le porte-parole du Kremlin.
Mercredi, le jour de la visite de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, le Kremlin a mis en garde contre de nouvelles livraisons d'armes américaines à l'Ukraine, qui n'auront pour effet que d'"aggraver" le conflit.
M. Zelensky avait lui affirmé que l'aide occidentale à son pays, qui est devenue un élément crucial du conflit, était un "investissement dans la sécurité mondiale et la démocratie", et "pas de la charité".
- Renforcement de l'armée -
La Russie a subi ces derniers mois d'importants revers sur le terrain: ses troupes ont été chassées de la région de Kharkiv, dans le nord-est, et de la ville de Kherson, dans le sud.
En réaction, Moscou a opté à partir d'octobre pour une tactique de bombardements massifs des infrastructures ukrainiennes, privant des millions de personnes d'électricité, d'eau et de chauffage en plein hiver.
Ces coupures ont notamment touché la capitale, Kiev, où la situation énergétique restait "difficile" jeudi, selon le chef de l'administration militaire de la ville, Serguiï Popko.
Le système Patriot fourni par les Etats-Unis doit justement renforcer "de manière significative" la défense ukrainienne face aux frappes russes, selon M. Zelensky.
En fixant les priorités de son armée pour 2023, Vladimir Poutine a promis lui de continuer à renforcer les capacités militaires de la Russie, y compris nucléaire.
Il a ainsi annoncé l'entrée en service "début janvier" des nouveaux missiles hypersoniques russes de croisière Zircon et envisagé d'augmenter les effectifs de l'armée russe à 1,5 million de soldats.
Son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a dans le même temps assuré que les troupes russes combattaient "les forces combinées de l'Occident" et révélé que Moscou entendait installer des bases de soutien à sa flotte à Marioupol et Berdiansk, deux villes occupées du sud de l'Ukraine.
M. Choïgou s'est d'ailleurs rendu pour une inspection sur les positions russes en Ukraine, a indiqué son ministère jeudi sans préciser le lieu ou la date de cette visite.
Il s'était déjà rendu dans la zone de l'opération quelques jours auparavant, signe d'une volonté d'un contrôle plus étroit de Moscou sur ses troupes sur place.
Sur le terrain, les combats et les bombardements se poursuivaient jeudi avec au moins un mort et 14 blessés dans tout le pays au cours de la journée écoulée, selon la présidence ukrainienne.
Côté russe, l'ex-patron de l'agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, a été blessé dans une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk, fief des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine et doit se faire opérer.
Selon Moscou, cette frappe, qui a aussi tué et blessé plusieurs autres personnes, a "probablement" été menée à l'aide d'un canon français Caesar, dont plusieurs exemplaires ont été livrés à Kiev par Paris.
Le seul porte-avions russe, l'Amiral Kouznetsov, actuellement en réparation dans le Grand Nord, a lui été victime d'un incendie qui n'a pas fait de victimes, ont rapporté les agences de presse russes.
J.Fuchs--HHA