Le Kosovo ferme son principal poste frontière avec la Serbie, Moscou soutient Belgrade
Le Kosovo a fermé son principal poste frontière avec la Serbie après que les Serbes y ont dressé des barricades, dans une des pires crises de ces dernières années dans cette région où Moscou soutient Belgrade contre l'Otan.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont appelé mercredi à une "désescalade sans conditions" dans cette région où la Première ministre serbe Ana Brnabic a jugé la semaine dernière que la situation était "au bord du conflit armé".
"Nous appelons tout le monde à faire preuve du maximum de retenue", ont ajouté le département d'Etat américain et la diplomatie de l'UE dans un communiqué commun.
Plusieurs centaines de Serbes du Kosovo ont érigé depuis le 10 décembre dans le nord du Kosovo des barrages pour protester contre l'arrestation d'un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.
La police kosovare et les forces internationales de maintien de la paix ont ensuite subi plusieurs attaques impliquant des armes à feu, alors que la Serbie mettait ses forces armées en état d'alerte.
Mardi soir, des dizaines de manifestants du côté serbe de la frontière avaient bloqué avec des camions et des tracteurs la circulation vers Merdare, le principal poste frontalier, ce qui a conduit le Kosovo à fermer ce passage.
"Ce barrage illégal a empêché la libre circulation des personnes et des biens, en conséquence nous invitons nos citoyens et compatriotes à circuler par les autres postes frontière", a déclaré la police dans un communiqué.
Pristina a également appelé les forces de maintien de la paix de l'Otan (Kfor) à dégager les barricades.
Le ministre serbe de la Défense Milos Vucevic a affirmé mercredi que le blocage des routes était un moyen de protestation "démocratique et pacifique", et que Belgrade gardait ouverte sa ligne de communication avec les diplomates occidentaux pour résoudre cette crise.
La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée très majoritairement d'Albanais, que celle-ci avait proclamée en 2008. Elle encourage les 120.000 Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire.
Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police kosovare, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leur poste en masse.
Ils protestaient ainsi contre une décision, désormais suspendue, du gouvernement de Pristina d'interdire aux Serbes qui vivent au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par la Serbie.
- Le soutien de Moscou -
Berlin s'est inquiété mercredi du "très mauvais signal" donné par la présence militaire serbe renforcée à la frontière, dénonçant la "rhétorique nationaliste" de Belgrade.
"Les Serbes du Kosovo devraient immédiatement enlever ces barricades au Kosovo et la Serbie a une responsabilité particulière à cet égard et devrait œuvrer à l'enlèvement immédiat de ces barricades", a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Christofer Burger.
La Russie de son côté, et à l'inverse, a réaffirmé son soutien à Belgrade dans cette crise.
"Nous avons des relations très étroites d'alliés, historiques et spirituelles avec la Serbie", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en précisant que la Russie suivait "très attentivement ce qui se passe et comment les droits des Serbes sont assurés".
"Et, bien sûr, nous soutenons Belgrade dans les actions qu'il entreprend", a-t-il souligné.
Selon M. Peskov, "il est naturel que la Serbie défende les droits des Serbes qui vivent à côté dans des conditions si difficiles et qu'elle réagisse de manière sévère quand ces droits sont violés".
La Russie, empêtrée dans la guerre qu'elle a lancée le 24 février contre l'Ukraine qui bénéficie du soutien de l'Otan, a nié chercher à déstabiliser la situation dans cette autre région d'Europe où elle est traditionnellement proche de la Serbie orthodoxe.
"La Serbie est un pays souverain. Et il est absolument faux de chercher là une quelconque influence destructrice de la Russie", a affirmé M. Peskov.
H.Brunner--HHA