Biden s'attaque à la crise migratoire avant une visite à la frontière sud des Etats-Unis
Le président Joe Biden s'attaque jeudi à un point faible de son bilan: la crise migratoire à la frontière sud des Etats-Unis, où il se rendra pour la première fois dimanche.
Le démocrate, accusé par son opposition républicaine de fermer les yeux face aux flux historiques de migrants qui tentent d'entrer illégalement dans le pays, s'arrêtera à El Paso, au Texas avant un sommet lundi, à Mexico avec les dirigeants mexicain et canadien.
Il y discutera "des opérations de contrôle à la frontière" et rencontrera des élus et militants associatifs locaux, a déclaré un responsable de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat.
Il en profitera aussi pour "appeler le Congrès à accepter les demandes de fonds" de son administration, et à adopter une vaste refonte du système migratoire, selon ce responsable.
Auparavant, la Maison Blanche a annoncé jeudi des mesures pour tenter de soulager la frontière, où plus de 230.000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre.
Jusqu'à 30.000 migrants qualifiés seront autorisés chaque mois à entrer aux Etats-Unis en provenance de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, mais ils devront arriver par avion pour ne pas ajouter à la charge de travail des garde-frontières au sol.
En revanche, ceux qui franchiront illégalement la frontière seront plus facilement refoulés, selon la Maison Blanche. "Cela va élargir et accélérer les voies légales d'immigration mais entraîner des conséquences nouvelles pour ceux qui ne les utilisent pas", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
- "Sécurité" -
De larges pans de l'économie américaine, notamment dans l'agriculture, dépendent de la main d'oeuvre immigrée, mais le système migratoire est aujourd'hui au bord de la rupture.
Les migrants, soucieux d'échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d'origine, prennent souvent d'énormes risques pour entrer sur le sol américain.
Plus de 800 personnes sont mortes lors de l'année fiscale, en grande partie noyée dans le fleuve Rio Grande, selon un responsable des garde-frontières cité par la radio NPR.
Ces flux exercent également des pressions sur les localités frontalières, dont les infrastructures peinent à accueillir ces migrants dans des conditions décentes.
Face aux critiques constantes de son opposition, mais aussi des associations de défenseurs des migrants, Joe Biden est jusqu'ici resté plutôt discret.
Alors qu'il envisage de briguer un second mandat, il semble prêt à s'emparer du sujet. Avant sa visite à El Paso, il doit prononcer jeudi un discours "sur la sécurité à la frontière" avec le Mexique.
- Pandémie -
Pour l'instant, son administration s'est surtout contentée de renvoyer les migrants vers le Mexique en s'appuyant sur une mesure mise en place par son prédécesseur républicain Donald Trump pendant la pandémie.
Au nom de la crise sanitaire, elle permet de refouler immédiatement tout étranger clandestin intercepté à la frontière, y compris les potentiels demandeurs d'asile.
Cette mesure, baptisée "Title 42", fait l'objet d'une intense guérilla judiciaire dont l'épilogue sera connu en juin à la Cour suprême des Etats-Unis.
En attendant la décision de la haute cour, l'administration démocrate doit se préparer à faire face à de nouveaux flux si la mesure devait finalement être levée.
Elle réclame des fonds supplémentaire pour renforcer la présence des garde-frontières et espère une réforme du système migratoire, avec une régularisation de nombreux sans-papiers notamment. Un projet de loi en ce sens achoppe toutefois sur l'opposition républicaine.
Le président Biden n'est pas le premier président à buter sur cette question épineuse, qui dépend pour beaucoup des conditions dans les pays d'origine et se heurte à des positions difficilement conciliables entre démocrates et républicains.
R.Weber--HHA