Qui sont les élus bloquant l'élection d'un "speaker" au Congrès américain?
Des trumpistes "anti-Kevin" et des républicains anti-establishment: une vingtaine d'élus empêchent l'élection d'un "speaker" à la Chambre américaine des représentants depuis trois jours.
Tous membres de la frange la plus conservatrice du parti républicain, ces élus n'ont pas pour autant les mêmes raisons d'empêcher l'élu de Californie Kevin McCarthy d'accéder au perchoir, et certains pourraient se montrer plus acharnés que d'autres.
Tour d'horizon de leurs profils et de leurs demandes.
Des conservateurs anti-establishment
Accusant le Congrès américain de se plier aux intérêts des lobbyistes et de l'establishment de Washington, une poignée d'élus ultra-conservateurs se sont donné pour mission de changer radicalement la façon dont l'institution opère.
Ils voient d'un mauvais oeil la nomination de Kevin McCarthy, membre de l'état-major républicain depuis plus de 10 ans, mais ont semblé prêts ces derniers jours à des négociations.
"Je suis ouvert à tout ce qui me donnera le pouvoir de défendre mes électeurs contre cette ville maudite", déclarait l'élu du Texas Chip Roy, faisant référence à la capitale fédérale.
Un processus pour faciliter l'éviction du "speaker", des sièges dans des commissions clés... Kevin McCarthy a accédé à certaines de leurs demandes lors de tractations nocturnes mercredi, sans que ce groupe n'indique si cela influencerait leur vote.
Des anti-McCarthy irréductibles
Et puis il y a les "Never Kevin" (les "anti-Kevin"), ces élus qui se sont engagés à ne jamais voter pour l'élu de Californie, en qui ils disent ne pas avoir confiance.
"C'est un type désespéré, qui perd des voix à chaque tour", a taclé le turbulent élu de Floride, Matt Gaetz, très actif dans l'hémicycle pour s'assurer que l'opposition à Kevin McCarthy perdure.
"Je suis prêt à voter toute la nuit, toute la semaine, tout le mois, et ça ne sera jamais pour lui", a-t-il promis mercredi soir.
Très proches de Donald Trump, ces électrons libres ont pour autant refusé de se plier à l'appel de l'ancien président à rentrer dans le rang.
"Le président devrait dire à Kevin McCarthy qu'il n'a pas les voix nécessaires et qu'il doit retirer sa candidature", a rétorqué l'élue Lauren Boebert dans l'hémicycle.
L'équation pour les républicains soutenant Kevin McCarthy -- l'immense majorité du groupe parlementaire -- est de déterminer combien parmi ces vingt élus seraient prêts à négocier.
La nouvelle majorité des républicains à la Chambre est si mince qu'ils ne peuvent pas se permettre plus de quatre défections.
Même si un "speaker" venait à être élu, l'opposition acharnée de ce noyau dur préfigure des guerres ouvertes sur une litanie de sujets durant les deux prochaines années, tant la majorité des républicains à la Chambre est ténue.
Au menu notamment, le déblocage d'enveloppes supplémentaires pour l'Ukraine, le relèvement du plafond de la dette publique américaine et le financement de l'Etat fédéral.
O.Rodriguez--HHA