Kevin McCarthy plus très loin du perchoir de la Chambre américaine des représentants
Le républicain Kevin McCarthy était en bonne position vendredi soir pour être enfin élu à la tête de la Chambre américaine des représentants et mettre fin à une paralysie politique inédite.
A force de tractations particulièrement poussives, le groupe de trumpistes bloquant la nomination de ce quinquagénaire californien semblait sur le point de céder avant un 14e vote sur sa candidature, prévu à 22H00 (03H00 GMT samedi).
Le principal intéressé se montrait en tout cas confiant en milieu d'après-midi: "J'ai compté les voix", assurait-il à une foule de journalistes.
- Paralysie -
Le noyau dur d'élus très conservateurs a profité de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour jouer les trouble-fête. Et a campé sur ses positions durant quatre jours, un scénario pas vu depuis plus de 160 ans.
Cette paralysie du Congrès américain a eu des répercussions très concrètes: sans "speaker", troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, les élus ne peuvent pas prêter serment ni donc voter de projet de loi. Impossible aussi de participer à des commissions parlementaires ou de recevoir des informations classées secret défense.
Membre de l'état-major républicain depuis une dizaine d'années, Kevin McCarthy n'a toutefois pas eu de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise a circulé comme possible alternative, sans que ses chances ne semblent sérieuses.
L'impatience était palpable chez les membres du "Grand Old Party", qui soutiennent largement la candidature de M. McCarthy, donnant lieu à des débats très animés au sein de ce groupe parlementaire. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs quitté l'hémicycle vendredi en signe de protestation durant le discours de Matt Gaetz, un des élus à la tête de la fronde trumpiste.
- "Chaos" -
Tout au long de ce processus, le parti démocrate de Joe Biden n'a pas manqué lui de dénoncer la mainmise des fidèles de Donald Trump -- dont beaucoup refusent toujours de reconnaître sa défaite en 2020 -- sur le parti républicain, deux ans jour pour jour après l'assaut du Capitole.
"Le chaos qui règne à la Chambre des représentants n'est qu'une autre illustration de la façon dont une frange extrême (...) les empêche de gouverner", a assuré le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.
Mais les démocrates, qui ont perdu le contrôle de la Chambre après le scrutin de novembre, ne disposaient pas d'assez de voix pour mettre fin à cette paralysie.
Des séances de négociations marathon dans les galeries adjacentes à l'hémicycle, une horde de journalistes captant chaque déclaration de ce groupe d'électrons libres... Cette élection est par moments apparue interminable.
Et pour cause, les 434 représentants de la Chambre n'avaient d'autre choix que de continuer à voter jusqu'à ce qu'un "speaker" soit élu à la majorité simple.
Les caméras de la chaîne parlementaire américaine, d'ordinaire soumises à des règles très strictes quant aux prises de vues autorisées, ont capté de nombreux moments de vie de cette procédure atypique, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs et des réseaux sociaux.
P.Meier--HHA