Venezuela: l'opposant Juan Guaido assure que Maduro "peut être battu" avec une union
L'opposant vénézuélien Juan Guaido, "président intérimaire" jusqu'à fin 2022, estime que le chef de l'Etat vénézuélien Nicolas Maduro, qu'il qualifie de "dictateur", "peut être battu" si l'opposition surmonte les divisions qui lui ont coûté son poste symbolique.
Il espère que les primaires qui pourraient avoir lieu au premier semestre de cette année seront un élan, a-t-il confié dans une interview accordée à l'AFP dans son bureau de Caracas.
L'opposition a mis fin en décembre à la "présidence" et au "gouvernement intérimaires" de M. Guaido, qui espérait poursuivre l'aventure, destinée à évincer M. Maduro du pouvoir. Le soutien international et des autres opposants mais aussi rivaux potentiels s'était toutefois étiolé.
-Etes-vous déçu par les anciens alliés qui ont retiré leur soutien au "gouvernement provisoire"?
"Plus que déçus, je pense qu'aujourd'hui, en tant que Vénézuélien, nous ressentons du dégoût, non pas envers les alliés, mais envers le comportement de tout le monde (...). Plus que d'être déçu par une, deux ou trois personnes, je partage le sentiment de dégoût pour ce qui se passe actuellement dans la politique vénézuélienne où l'on devrait transcender les intérêts partisans et continuer à lutter pour le bien commun (...). J'assume ma part de responsabilité.
Nous nous focalisons sur ce que nous exigeons depuis le premier jour: des élections libres, une élection présidentielle qu'on doit depuis 2018, et la mission à réaliser: réunifier l'alternative démocratique, qui est majoritaire (Au Venezuela).
Il y a un processus de recomposition, de reconstruction (...) et je crois que nous avons aussi une opportunité juste au coin de la rue, qui est la primaire (...) Nous devons nous préparer immédiatement".
-Le virage à gauche de plusieurs pays sud-américains a affaibli le soutien international à votre "présidence intérimaire"?
"Se rapprocher de Maduro est une erreur (...). Oui, il est certain que l'approche d'Alberto Fernandez (président de l'Argentine) vis-à-vis du Venezuela a affaibli la position du gouvernement provisoire. Il vaut mieux qu'un pays dénonce fermement une dictature que de la relativiser, comme l'a fait le président (Gustavo) Petro (en Colombie), comme l'a fait (Manuel) Lopez Obrador (au Mexique). maintenant, Juan Guaido a-t-il perdu sa position? Il ne s'agit pas d'une question personnelle. En tout état de cause, la démocratie (...), la communauté internationale manque d'outils face aux dictateurs".
-Avec ces divisions, une victoire de l'opposition à la présidentielle de 2024 est-elle possible?
"S'il y a unité, pas de doute. Le problème n'est pas Maduro", a-t-il estimé. "Le problème aujourd'hui est de réunifier l'alternative démocratique. Une fois que l'alternative démocratique sera réunifiée, Maduro peut être battu à 100% (...). Face à la possibilité d'une élection libre et équitable, Maduro est absolument faible, vincible".
- L'opposition perd-elle de sa force dans les négociations avec le pouvoir qui ont repris en novembre dernier au Mexique?
(L'élimination de la présidence intérimaire) ne nous met pas dans une meilleure position par rapport à la dictature (...), mais nous sommes prêts à un accord qui porte sur les conditions électorales pour que l'élection soit une solution politique au conflit que nous vivons au Venezuela".
-Serez-vous candidat?
Mon candidat c'est l'union. Mon candidat, donc, c'est la primaire et quand nous aurons des primaires, quand nous aurons un calendrier, je prendrai une décision. Aujourd'hui, tous (les principaux leaders de l'opposition) sont inéligibles, emprisonnés ou en exil. Cela dépendra donc beaucoup de l'évolution du Mexique et de la possibilité d'organiser des primaires compétitives et des élections compétitives libres et équitables.
H.Rathmann--HHA