Kharkiv bombardée quelques heures après la visite d'une ministre allemande
Des bombardements russes ont frappé Kharkiv mardi soir, quelques heures après la visite surprise dans cette ville du nord-est de l'Ukraine de la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, avec son homologue ukrainien qui a pressé l'Allemagne de fournir des blindés lourds.
"Plus une telle décision tarde, plus il y aura de victimes, plus il y aura de morts parmi les civils", a martelé le ministre ukrainien Dmytro Kouleba.
Un journaliste de l'AFP a entendu par la suite plusieurs explosions dans la ville, relativement épargnée ces derniers temps par les frappes russes.
"Restez dans les abris. Les occupants bombardent une nouvelle fois !", a averti sur la messagerie Telegram le gouverneur régional Oleg Synegoubov.
Il était impossible dans l'immédiat de déterminer si ces frappes avaient fait des dégâts et des victimes.
Plus tôt mardi, Annalena Baerbock était venue dans cette ville proche de la frontière russe et très éprouvée par la guerre.
La ministre a dit avoir apporté "un nouveau paquet" d'aides comprenant 20 millions d'euros pour le déminage et autant pour développer le réseau d'accès à internet Starlink. Elle a aussi annoncé de nouvelles livraisons de générateurs pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes bombardées systématiquement par la Russie.
Mais l'Ukraine réclame surtout la livraison de chars de combat occidentaux, et Berlin n'a toujours pas répondu favorablement à sa demande de lui livrer des blindés "Leopard 2", du matériel lourd à la technologie reconnue.
- Livraisons d'armes -
Kharkiv a été la cible de multiples bombardements au début du conflit, mais les forces ukrainiennes ont été en mesure de la défendre. Le front des combats s'est depuis éloigné et se trouve actuellement à environ 130 km de la ville.
"Kharkiv est désormais un symbole de contre-offensives ukrainiennes réussies qui prouvent que l'Ukraine peut gagner avec une aide suffisante de ses partenaires", a pointé M. Kouleba.
Mme Baerbock a assuré que le pays pouvait compter sur la livraison d'armes dont il a besoin "pour libérer ses concitoyens qui souffrent encore de la terreur de l'occupation russe".
Après de longs mois de tergiversations, l'Allemagne a récemment annoncé l'envoi de 40 blindés d'infanterie "Marder" d'ici le printemps.
Mais au sein de la coalition d'Olaf Scholz, les Verts, le parti de Mme Baerbock, et les libéraux réclament la livraison de chars lourds de combat de type "Leopard".
"Je ne doute pas que l'Ukraine va recevoir des chars +Leopard+ allemands, car le gouvernement fédéral sait au plus profond de lui-même que c'est nécessaire", a dit M. Kouleba.
Pour contrer les bombardements massifs de la Russie visant les infrastructures critiques ukrainiennes, l'Ukraine pourra bénéficier d'un système de défense aérien offert par le Canada, a annoncé mardi le Premier ministre Justin Trudeau.
Cet armement, acheté auprès des Etats-Unis, est le premier système antiaérien NASAMS que le Canada offre à l'Ukraine, a indiqué Ottawa, qui évalue la valeur de ce don à 406 millions de dollars canadiens (282 millions d'euros).
Ce système de missiles s'ajoute aux blindés, obusiers, vêtements d'hiver et munitions que le Canada a fournis à Kiev pour l'aider à repousser l'invasion russe.
- L'Ukraine en Europe -
La cheffe de la diplomatie allemande a indiqué par ailleurs vouloir évoquer le processus d'adhésion à l'Union européenne à laquelle aspire le pays.
L'Ukraine, ainsi que la Moldavie, s'étaient vu attribuer en juin le statut de candidat à l'UE. Mais plusieurs représentants des Etats membres les avaient d'ores et déjà averti de ne pas se " faire d'illusions" sur une adhésion rapide.
"Il est important pour moi que nous ne perdions pas de vue la place de l'Ukraine dans notre famille européenne, même en cet hiver de guerre", a estimé Mme Baerbock.
C'est la troisième fois qu'Annalena Baerbock se rend en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, après des déplacements à Kiev et à Boutcha, bourgade proche de la capitale ukrainienne où les troupes russes sont accusées d'avoir commis des crimes de guerre.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a de son côté annoncé dans la soirée avoir révoqué la citoyenneté ukrainienne du riche homme d'affaires Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine, accusé par Kiev de haute trahison en faveur de la Russie.
Cet ancien député de 68 ans, né en Sibérie et considéré comme l'homme du président russe en Ukraine, avait été livré à la Russie dans un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou fin septembre 2022 après avoir été emprisonné plus de cinq mois en Ukraine.
"Si les députés du peuple choisissent de servir non pas le peuple ukrainien, mais les meurtriers qui sont venus en Ukraine, alors nos actions seront appropriées", s'est défendu mardi soir M. Zelensky dans son allocution quotidienne.
Il n'a toutefois pas évoqué dans son message la citoyenneté russe présumée des personnes visées.
J.Fuchs--HHA