Ukraine : le bilan du bombardement de Dnipro grimpe à 40 morts, le Kremlin nie en avoir été responsable
Le bilan d'une frappe russe sur un immeuble résidentiel de Dnipro en Ukraine a grimpé lundi à 40 morts, devenant l'un des plus lourds depuis le début de la guerre, et devrait encore s'alourdir.
Comme à son habitude, le Kremlin a démenti avoir été responsable du carnage, en rejetant la faute sur les Ukrainiens : le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a à cet égard évoqué "une tragédie" pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne.
A l'inverse, la présidence suédoise de l'Union européenne a dénoncé "un crime de guerre" russe.
Des grues étaient ainsi en action lundi pour amener les sauveteurs dans les appartements ravagés et autrement inaccessibles ou pour soulever des pans de béton.
Depuis le début des opérations de sauvetage, 39 personnes ont été secourues dans les ruines du bâtiment.
- Promesses de chars -
Dimanche après-midi, Roman Jouravksy recherchait toujours désespérément sa mère qui habitait là. "Ma mère n'a pas encore été retrouvée. Mais la probabilité, étant donné que cinq étages se sont effondrés sur elle...", commence-t-il avant que sa voix ne s'éteigne.
Le Kremlin a mis deux jours à réagir, avec son porte-parole qui a démenti que son pays ait pu mener une telle frappe.
"Les forces armées russes ne bombardent pas les immeubles résidentiels, ni les infrastructures civiles, elles bombardent des cibles militaires", a déclaré M. Peskov, en dépit des frappes qui ont touché une multitude de cibles non militaires depuis le début de l'invasion, le 24 février.
Le président Vladimir Poutine ne s'est pas prononcé dimanche sur le sujet, estimant en revanche que les opérations russes en Ukraine était dans une "dynamique positive", quelques jours après que Moscou a revendiqué la prise d'une petite ville dans l'Est ukrainien.
La frappe qui a détruit l'immeuble d'habitation de Dnipro a été effectuée dans le sillage d'une campagne de bombardements réguliers et massifs auxquels Moscou procède depuis octobre contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, qui ont plongé la population dans le noir et le froid en plein hiver.
Face à ces pluies de missiles et à la menace d'une nouvelle offensive russe, les Occidentaux ont intensifié leur aide militaire à l'Ukraine. Ceux-ci prévoient désormais de lui fournir des blindés, en particulier des chars, après avoir longtemps rechigné à y déployer des armements lourds.
Après la frappe de Dnipro, les Etats-Unis ont dénoncé "un nouvel exemple de la guerre brutale et barbare livrée par la Russie au peuple ukrainien".
Face aux promesses de livraisons d'armements, notamment de chars du Royaume-Uni et de Pologne, le Kremlin a juré que ces blindés "brûleraient". "Ces chars brûlent et brûleront", a dit Dmitri Peskov à la presse, accusant une fois encore les Occidentaux d'utiliser l'Ukraine "pour atteindre des objectifs antirusses".
Motivées et fortes d'une aide militaire et financière croissante, les forces ukrainiennes ont repoussé l'armée russe en lui infligeant au printemps et à l'automne des revers cinglants.
Kiev dit cependant avoir besoin de chars lourds, de blindés légers, de systèmes de missiles de longue portée et de défense antiaérienne pour reprendre la totalité des territoires que les troupes russes occupent dans l'est et le sud de l'Ukraine.
Samedi, Londres avait annoncé la fourniture à Kiev de Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale à l'Ukraine.
Et lundi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a dit attendre un feu vert de l'Allemagne, dont la ministre de la Défense Christine Lambrecht, fragilisée par une série de bévues, a démissionné le même jour, pour livrer à l'Ukraine des chars Leopard de facture allemande.
- Lourdes pertes à Bakhmout -
Après de sévères déconvenues à l'automne, la Russie tente de reprendre l'initiative avec ses bombardements sur les infrastructures énergétiques et en redoublant d'efforts dans la bataille pour prendre Bakhmout, une ville de l'est en proie à une sanglante bataille depuis plusieurs mois.
Moscou a revendiqué la semaine dernière une victoire, affirmant avoir pris Soledar, une cité au nord-est de Bakhmout.
Aujourd'hui largement détruite, ce bourg connu pour ses mines comptait quelque 10.000 habitants avant la guerre.
L'Ukraine a démenti avoir abandonné Soledar, faisant état de combats toujours en cours.
L'armée ukrainienne, dans un communiqué, a affirmé infliger de "lourdes pertes humaines" aux Russes près de Bakhmout et d'Avdiïvka, une autre localité de l'est ukrainien.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu, pour sa part, lundi en Ukraine.
Dans un tweet avant son départ, il a souligné que son organisation allait étendre sa présence "pour aider à éviter un accident nucléaire pendant le conflit en cours".
T.Schmidt--HHA