Hamburger Anzeiger - Retraites: le gouvernement sous pression à quelques heures d'une première journée de mobilisation

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Retraites: le gouvernement sous pression à quelques heures d'une première journée de mobilisation
Retraites: le gouvernement sous pression à quelques heures d'une première journée de mobilisation / Photo: Alain JOCARD - AFP/Archives

Retraites: le gouvernement sous pression à quelques heures d'une première journée de mobilisation

La grève contre la réforme des retraites et le report de l'âge légal à 64 ans s'annonce très suivie jeudi, notamment dans l'éducation et les transports, malgré les efforts du gouvernement pour défendre son "projet de justice" et ses appels à éviter les blocages.

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La France s'apprête à vivre une journée mouvementée. "Un jeudi de galère", a résumé le ministre des Transports, Clément Beaune.

Mais "il faut faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et républicain, et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays, voire de cibler des parlementaires", a déclaré Emmanuel Macron en Conseil des ministres, selon un participant. Une allusion à la CGT-Energie, qui a menacé de coupures d'électricité les permanences d'élus favorables à la réforme.

Jeudi, la SNCF prévoit une circulation "très fortement perturbée" avec un TGV sur trois, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un TER sur dix en moyenne. Le métro parisien sera également réduit à l'essentiel, avec trois lignes fermées et dix autres ouvertes uniquement aux heures de pointe, selon la RATP, qui a conseillé le télétravail à ceux qui le peuvent.

Le ciel ne sera pas épargné, puisque 20% des vols devraient être annulés à l'aéroport d'Orly, où "des retards sont à prévoir" pour les liaisons maintenues, a prévenu la DGAC.

Ceux qui opteront pour la voiture pourront encore trouver du carburant, même si les raffineries et les dépôts pétroliers sont appelés à cesser leurs activités pendant 24 heures. "Pas de panique, les stocks sont pleins, les stations-service sont bien alimentées", a déclaré le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, dans un extrait d'interview diffusé par BFMTV.

Beaucoup devront cependant garder leurs enfants, car 70% des enseignants du primaire seront en grève et de nombreuses écoles fermées - "au moins un tiers" à Paris - d'après leur principal syndicat, le Snuipp-FSU.

Dans le secondaire aussi, la grève s'annonce suivie. Des blocus de lycées sont attendus, plusieurs organisations de jeunesse appelant à rallier la journée d'action organisée par les huit grandes centrales syndicales. Une intersyndicale dont la pétition en ligne contre une "réforme injuste et brutale" a dépassé les 500.000 signatures mercredi.

Les agents d'EDF ont eux procédé mercredi, dans les barrages, à de premières baisses de production d'électricité, occasionnant la perte sur le réseau de l'équivalent d'un réacteur nucléaire, sans provoquer de coupures de courant.

- "On n'a qu'une vie!" -

Unis pour la première fois depuis douze ans, les syndicats prévoient des rassemblements dans 215 à 250 villes selon les sources, et espèrent une mobilisation "massive" dépassant "le million" de manifestants.

La police met sans surprise la barre moins haut: des sources sécuritaires tablent sur une fourchette de 550.000 à 750.000 manifestants.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que plus de 10.000 policiers et gendarmes seraient mobilisés, dont 3.500 à Paris, où les autorités s'attendent à la venue d'"un petit millier" d'éléments violents.

Benjamin Marol, 45 ans, ira manifester dans la capitale. "Quand on vous dit que vous allez bosser deux ans de plus dans des mauvaises conditions salariales et de travail, ça vient s'ajouter (...), c'est la double peine", dit à l'AFP le professeur d'histoire-géographie en collège à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Eleonora Lombardelli, médecin urgentiste et addictologue de 41 ans, a pris elle sa matinée pour rejoindre le cortège marseillais, "par solidarité avec ceux qui ont un travail plus pénible" que le sien. "Que des gens doivent attendre 64 ans même s'ils ont déjà atteint le taux plein, je suis contre. On n'a qu'une vie !"

Face à la large contestation, le gouvernement s'emploie à défendre sa réforme, à l'image d'Elisabeth Borne. Comme elle l'avait fait la veille à l'Assemblée nationale, la Première ministre a vanté mercredi au Sénat "un projet de justice et de progrès social".

Des arguments qui peinent à convaincre l'opinion, deux sondages publiés mercredi montrant même un recul de l'adhésion à la réforme.

W.Taylor--HHA