L'empoisonnement de l'ancien agent russe Litvinenko au coeur d'une série sur M6
L'empoisonnement à Londres en 2006 de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko n'est qu'un "chapitre" de l'histoire des "crimes" commis par le régime de Vladimir Poutine, estime sa veuve Marina, saluant la mini-série britannique consacrée à cette affaire et diffusée dès jeudi sur M6, "Meurtre au polonium".
Attendue un mois seulement après sa programmation Outre-Manche, cette production en quatre épisodes "résonne particulièrement avec l'actualité", a fait valoir la directrice des acquisitions de la chaîne française, Bérengère Terouanne, lors d'une visioconférence.
"C'est une histoire qui mérite d'être connue du grand public", a-t-elle insisté, précisant qu'ITV Studios lui avait présenté la série "quelques jours hélas avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie" en février 2022.
M6, qui avait diffusé la série de HBO "Chernobyl" en 2021, proposera également deux documentaires jeudi soir sur l'affaire Litvinenko et sur la grande traque des oligarques russes.
Marina Litvinenko s'est prêtée en amont au jeu des questions-réponses avec la presse française, poursuivant ainsi le combat entamé à la mort de son mari il y a plus de 16 ans.
"Cette série est très proche de la réalité", a assuré celle qui avait déjà collaboré avec le journaliste et co-producteur de la série Richard Kerbaj pour un documentaire.
Avant de mourir, "Sacha (diminutif d'Alexandre) m'a dit que je devais faire savoir ce qui nous est arrivé", a-t-elle ajouté, se réjouissant à ce titre de voir leur histoire, qui a déjà inspiré une pièce de théâtre et un opéra, portée à l'écran.
Ecrite par le créateur de "Lupin", George Kay, la série retrace l'enquête des deux officiers de Scotland Yard ayant interrogé Alexandre Litvinenko pendant sa lente agonie à l'hôpital.
Litvinenko y est campé par David Tennant ("Doctor Who", "Broadchurch"), méconnaissable, comme l'était son modèle, apparu livide et sans cheveux sur son lit de mort sur une célèbre photo de presse, sa femme étant interprétée par l'actrice d'origine russe Margarita Levieva.
- "Aider l'Ukraine" -
Son assassinat avait entraîné une crise diplomatique entre Londres et Moscou, dont les relations s'étaient à nouveau envenimées en 2018 après une autre affaire d'empoisonnement, qui a failli coûter la vie à l'ex-agent russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, dans le sud de l'Angleterre.
Ancien agent du KGB puis du FSB, exilé au Royaume-uni après des révélations sulfureuses, souvent invérifiables, Litvinenko s'est éteint à 43 ans, le 23 novembre 2006, une vingtaine de jours après avoir été empoisonné au polonium 210, une substance radioactive extrêmement toxique.
Dans une lettre publiée le lendemain à titre posthume, l'opposant au Kremlin accuse Vladimir Poutine d'être responsable de sa mort, ce que le président russe a toujours nié.
Depuis, l'enquête publique britannique a conclu en 2016 que le dirigeant avait "probablement approuvé" le meurtre, exécuté selon elle par l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun et l'ancien agent secret devenu député, Andreï Lougovoï, avec qui Alexandre Litvinenko avait pris un thé le 1er novembre 2006.
De même, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé la Russie "responsable" de cet assassinat en 2021.
Marina Litvinenko espère-t-elle pouvoir un jour obtenir justice dans son pays natal? "Quand vous ne faites qu'espérer, rien ne se passe", répond-elle. "Il faut agir, il faut aider l'Ukraine. Quand l'Ukraine vaincra, on pourra avoir une nouvelle Russie et je pourrai y obtenir justice".
"Il ne s'agit pas que de moi, mon histoire est un chapitre d'un même livre rassemblant les crimes commis par ce régime (de Vladimir Poutine), comme la guerre en Géorgie (en 2008), la guerre en Ukraine, l'assassinat de leaders de l'opposition en Russie, les empoisonnements en Europe...", affirme-t-elle.
Marina Litvinenko aimerait ainsi que les politiques regardent la série après avoir, selon elle, "fermé les yeux" sur Vladimir Poutine pour des considérations commerciales liées aux "gaz et au pétrole".
En attendant "l'effondrement" de son régime et l'avènement d'une "Russie réellement démocratique", elle prévoit de lancer une action caritative à destination des enfants ukrainiens.
I.Hernandez--HHA