Trois pays européens promettent missiles et artillerie à l'Ukraine, qui veut beaucoup plus d'armes
Un trio d'alliés européens de l'Ukraine a promis jeudi de lui livrer des missiles et de l'artillerie, au moment où elle-même exhorte ses partenaires à "considérablement" augmenter leur soutien à la veille d'une importante réunion des donateurs.
Vendredi, les ministres de la Défense des pays occidentaux apportant une aide militaire aux Ukrainiens, au premier rang desquels l'Américain Lloyd Austin, se retrouvent en effet à Ramstein, en Allemagne, afin de coordonner la poursuite de l'assistance militaire à Kiev.
Mais, dès jeudi, le Royaume-Uni s'est engagé à fournir à l'Ukraine 600 missiles supplémentaires Brimstone, le Danemark à lui donner ses 19 canons Caesar de fabrication française et la Suède à livrer des canons automoteurs Archer.
Des systèmes qui ont tous une portée de plusieurs dizaines de kilomètres mais inférieure à celle réclamée par les Ukrainiens.
Celle-ci a à cet égard appelé jeudi les Occidentaux à "considérablement" augmenter leurs livraisons d'armes, en particulier de chars lourds, et à "cesser de trembler devant Poutine".
"Nous lançons un appel à tous les Etats partenaires qui ont déjà fourni ou envisagent de fournir une aide militaire, les exhortant à considérablement renforcer leur contribution", ont ainsi souligné dans un communiqué commun les ministres ukrainiens de la Défense et des Affaires étrangères, Oleksiï Reznikov et Dmytro Kouleba.
- "Nous entendons votre message" -
Ils ont en particulier pointé du doigt douze pays, comme l'Allemagne et la Turquie, les exhortant à livrer les chars de fabrication allemande Leopard dont Kiev dit avoir cruellement besoin, mais dont l'envoi est incertain du fait des tergiversations allemandes.
Cet appel a été soutenu à l'occasion d'une visite à Kiev par le président du Conseil européen Charles Michel, pour lequel "des chars doivent être livrés" aux Ukrainiens car "les prochaines semaines pourraient être décisives" sur le front.
"Nous entendons votre message. Vous avez besoin de plus de systèmes de défense antiaérienne et d'artillerie, de plus de munitions", a souligné Charles Michel sur Twitter, après une rencontre avec le président Volodymyr Zelensky.
Au cours d'une conférence de presse commune, il a aussi confirmé les discussions entre les Etats membres de l'UE pour un dixième train de sanctions visant la Russie.
Dans le même temps, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a jugé "inacceptable et méprisable" la référence à l'Holocauste faite par Moscou pour dénoncer le soutien des pays occidentaux à l'Ukraine.
- L'Allemagne en ligne de mire -
S'exprimant par visio-conférence en marge du Forum économique de Davos en Suisse, M. Zelensky a quant à lui brocardé jeudi, dans une allusion claire aux Allemands, ceux qui disent "+je livrerai des chars si quelqu'un d'autre le fait+".
L'Allemagne fait aussi l'objet d'une pression croissante de la part de plusieurs de ses voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard.
"Contre des milliers de chars de la Russie (...), le courage de notre armée et la motivation du peuple ukrainien ne suffisent pas", a martelé M. Zelensky.
Peu après, l'un de ses conseillers, Mykhaïlo Podoliak, a appelé les Occidentaux à cesser de "trembler devant Poutine" et à livrer les blindés dont l'Ukraine dit avoir besoin.
Les Leopard font partie des chars lourds modernes et de conception occidentale qui, selon des experts, ont un rôle déterminant dans les batailles en cours -et à venir- dans l'est et le sud de l'Ukraine.
Les chars occidentaux ne sont toutefois "pas une solution miracle" contre la Russie, a mis en garde jeudi le commandant des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Christopher Cavoli, selon lequel "un équilibre entre tous les systèmes (d'armement) est nécessaire".
Les autorités ukrainiennes disent à cet égard également avoir besoin de systèmes de missiles d'une portée de plus de 100 km pour pouvoir frapper la chaîne logistique russe, en particulier les dépôts de munitions.
- Avertissement du Kremlin -
Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kiev ne puisse provoquer une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, une péninsule annexée en 2014 par la Russie.
Le Kremlin a d'ailleurs adressé jeudi un avertissement clair : la livraison d'armes de plus longue portée "signifierait que le conflit atteindrait un nouveau palier" et cela ne promet "rien de bon pour la sécurité européenne".
Néanmoins, selon le quotidien New York Times, le gouvernement de Joe Biden commence à réfléchir à la possibilité de donner à l'Ukraine les moyens d'attaquer la Crimée, car il s'agit d'une base-arrière clé pour l'effort de guerre russe.
Le président Zelensky a répété vouloir reprendre l'ensemble des territoires ukrainiens occupés, y compris la péninsule.
- Poussée russe -
Sur le terrain des combats, les forces russes, appuyées par le groupe paramilitaire privé Wagner, redoublent d'efforts pour prendre Bakhmout, une ville de la région de Donetsk (est) qui fait l'objet d'une bataille sanglante depuis des mois.
Ces 15 derniers jours, les combattants russes ont un peu avancé, s'emparant d'une grande partie de la cité voisine de Soledar.
Et jeudi, ils ont lancé une "offensive locale" dans le sud, près de la ville d'Orekhiv, selon un responsable de l'administration d'occupation russe Vladimir Rogov.
Afin de poursuivre ses contre-attaques, Kiev a besoin de matériel car "la Russie conserve un avantage quantitatif substantiel en matière de troupes, d'armes et d'autres équipements militaires", ont rappelé jeudi MM. Reznikov et Kouleba.
A.Gonzalez--HHA