Ukraine: les Etats-Unis restent vagues sur la riposte à Moscou
Les Etats-Unis ont dévoilé de premières sanctions après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de régions séparatistes en Ukraine, mais sont restés vagues sur leur réponse à l'envoi de forces russes de "maintien de la paix" dans ces territoires.
Les manoeuvres de Vladimir Poutine "contredisent directement l'engagement prétendu de la Russie envers la diplomatie", a fustigé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
En guise de riposte, le président Joe Biden a publié un décret qui interdit tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions prorusses de Donetsk et Lougansk, dans le sud-est de l'Ukraine.
Joe Biden a informé le président ukrainien Volodymyr Zelensky de ces mesures, réaffirmant "l'engagement des Etats-Unis" au respect de "l'intégrité territoriale de l'Ukraine", selon la Maison Blanche.
Mais un haut responsable de l'administration américaine a semblé semer le doute sur la fermeté des Etats-Unis lorsque les troupes russes pénètreront dans ces territoires, comme M. Poutine leur en a donné l'ordre.
"Nous allons observer de très près ce qu'ils font dans les heures et les jours qui viennent. Et notre réponse correspondra à leurs actions", a-t-il dit, rappelant que des forces russes opèrent secrètement dans le Donbass depuis huit ans.
"Des forces russes qui entreraient dans le Donbass, ce ne serait pas nouveau", a-t-il ajouté, sans mentionner le fait que des forces russes franchiraient une frontière internationalement reconnue pour se rendre dans cette région séparatiste.
Washington poursuivra ses efforts diplomatiques "tant que les chars russes ne seront pas en mouvement", a précisé ce haut responsable ayant requis l'anonymat.
- Nouvelle phase -
Les deux territoires séparatistes de Donetsk et Lougansk ont déjà des relations extrêmement limitées avec les Etats-Unis. Mais ces sanctions annoncent une nouvelle phase dans ce qui pourrait bientôt devenir la confrontation la plus dangereuse entre l'Occident et Moscou depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
D'"autres mesures" seront par ailleurs dévoilées mardi, a indiqué le haut responsable américain, sans donner davantage de détails.
L'Union européenne a en parallèle fait savoir qu'elle allait sanctionner "ceux qui sont impliqués" dans la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance de ces territoires ukrainiens. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui aussi promis des sanctions "importantes".
- "Un paria" -
L'annonce de Vladimir Poutine intervient au moment où les Occidentaux alertent contre l'imminence d'une invasion de l'Ukraine, aux frontières de laquelle plus de 150.000 militaires russes, selon Washington, attendent l'arme au pied depuis des semaines.
La Maison Blanche a d'ailleurs tenu à souligner que les sanctions annoncées lundi étaient "distinctes" et s'"ajouteraient" aux mesures économiques "rapides et sévères" préparées par Washington et ses alliés en cas d'invasion.
Ces sanctions feraient de Moscou un "paria pour la communauté internationale" avait prévenu un haut responsable de l'exécutif américain vendredi.
La Russie serait "isolée des marchés financiers mondiaux et privée des apports technologiques les plus sophistiqués", avait-il menacé.
Washington a aussi maintes fois affirmé que le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l'Allemagne par la voie maritime, n'entrerait pas en activité si Moscou venait à attaquer l'Ukraine.
X.Nguyen--HHA