Ukraine : nouvelle salve de missiles russes, un mort à Kiev
L'Ukraine a été la cible jeudi de nouveaux bombardements russes d'ampleur, qui ont fait au moins un mort et provoqué des pannes de courant, au lendemain de la décision des Occidentaux de livrer des chars lourds à l'armée ukrainienne.
Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé à fournir ces blindés le plus vite possible, son ministère de la Défense prévenant que les troupes russes, "en supériorité numérique", "intensifiaient" les combats dans l'est de l'Ukraine.
A Bakhmout, à l'épicentre des affrontements dans l'est de l'Ukraine, Lisa, une médecin, regrettait jeudi matin auprès de l'AFP les tergiversations occidentales sur les chars, estimant que le feu vert "aurait dû être donné plus tôt et pour une plus grande quantité" de ces matériels.
"Mais, bien sûr, nous sommes très reconnaissants de ce que nous avons obtenu", ajoutait-elle.
Le Kremlin a quant à lui dénoncé "l'engagement direct" des Occidentaux dans le conflit avec la livraison annoncée de chars lourds allemands et américains.
Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujny, la Russie a tiré jeudi 55 missiles sur l'Ukraine et "47 ont été détruits, dont 20" aux abords de Kiev.
Un premier bilan a fait état d'un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.
Des coupures d'électricité "d'urgence" ont été introduites à Kiev et dans d'autres régions après que des sites énergétiques ont été "touchés", la Russie essayant de causer "une défaillance systémique" du réseau national, selon le ministre de l'Energie, Guerman Galouchtchenko.
"La situation reste sous contrôle", a assuré le Premier ministre Denys Chmygal.
Mais dans la région d'Odessa (sud-ouest), où "deux sites ont été endommagés" jeudi, les coupures d'urgence "pourraient durer plusieurs jours jusqu'à ce que les installations électriques soient rétablies", a prévenu la compagnie d'électricité privée DTEK.
Les frappes près de cette grande ville portuaire ont eu lieu peu avant que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, n'y arrive dans la matinée pour discuter avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba.
Après une série de revers militaires sur le terrain à la fin de l'été et à l'automne, le Kremlin a commencé en octobre à régulièrement frapper les transformateurs et les centrales électriques de l'Ukraine, plongeant à chaque fois des millions de civils dans le noir et le froid.
- "Engagement direct" -
Cette nouvelle vague de bombardements intervient au lendemain du feu vert de Washington et de Berlin au transfert de dizaines de chars lourds à Kiev, une décision inédite en onze mois de guerre. L'Allemagne compte livrer fin mars ou début avril les premiers Leopard 2 promis.
Volodymyr Zelensky, selon lequel il s'agit d'une "étape importante pour la victoire finale", a remercié ses alliés.
Mais il a relevé que "la clé" du succès était désormais "la vitesse et le volume" des livraisons, Kiev demandant des centaines de blindés pour entamer la reconquête des territoires sous occupation dans l'est et le sud.
Le président ukrainien a aussi réclamé des avions de combat et des missiles de longue portée, autant d'armes que les Occidentaux refusent jusqu'ici de fournir, de peur de provoquer une escalade militaire.
D'ores et déjà, le Kremlin considère que la livraison de chars est la preuve de l'"engagement direct dans le conflit" des Occidentaux.
Et "nous voyons que (cet engagement) grandit", a relevé jeudi face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Pour l'Ukraine, l'obtention d'armements est vitale pour reprendre les territoires dont la Russie revendique l'annexion.
- "Supériorité numérique" -
D'autant que dans l'est, "les combats s'intensifient", a relevé mercredi soir la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar.
Les forces russes y sont "en supériorité numérique", a-t-elle noté, citant la zone de Bakhmout, dont les troupes de Moscou tentent de s'emparer depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.
Selon un sergent, qui répond au nom de guerre d'"Alkor", "la bataille a été rude" car les Ukrainiens étaient moins nombreux.
"Nous tirons, encore et encore mais, après cinq minutes, une nouvelle vague de 20 ennemis nous arrive dessus", dit-il. "Leur nombre est énorme. Ils utilisent leurs soldats comme de la chair à canon".
Selon l'Institute for the Study of War, la Russie semble multiplier les offensives sur la ligne de front pour "disperser" les forces ukrainiennes afin de "créer les conditions d'une opération offensive décisive", probablement dans l'Est ukrainien.
E.Steiner--HHA