Le Congrès du PS s'ouvre à Marseille: règlement de compte sur la Canebière
Pas de "Plus belle la vie" au Congrès du PS: les socialistes se réunissent à partir de vendredi à Marseille, dans une ambiance délétère, la réélection contestée d'Olivier Faure au poste de premier secrétaire laissant le parti fracturé.
Déjà fragilisé par l'échec historique de sa candidate à la présidentielle Anne Hidalgo (1,7%), le PS se déchire depuis le vote des adhérents pour se choisir un chef.
Chaque camp a revendiqué la victoire, serrée, puis une commission de récolement des résultats, réunie le week-end dernier, a placé en tête le premier secrétaire sortant Olivier Faure avec 51,09%, devant son rival le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (48,91%).
Inacceptable, clame ce dernier qui exige un recomptage et dénonce des "fraudes et irrégularités", selon lui, passibles de "prison".
"Ils contestent les résultats pour laisser s'installer l'idée qu'il y a un vide" et créer un blocage au congrès de Marseille, déplore l'entourage du premier secrétaire.
- La Nupes au cœur du conflit -
"C'est la première fois qu'il y a un congrès dont la dimension stratégique est aussi évidente depuis Epinay", en 1971, qui avait permis à François Mitterrand de devenir premier secrétaire du parti sur une ligne d'union de la gauche, estime auprès de l'AFP Olivier Faure.
Cinquante-deux ans plus tard, l'enjeu est toujours d'allier les forces de gauche, mais cette fois au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).
Olivier Faure, artisan de cette alliance nouée en mai 2022 avec La France insoumise, EELV et le PCF, défend cet accord qui a permis au PS de garder un groupe d'une trentaine de députés à l'Assemblée, mais au détriment de nombreux déçus socialistes.
Nicolas Mayer-Rossignol ne cache pas, lui, ses réticences envers la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Et, même s'il assure ne pas vouloir quitter la Nupes, son objectif est de la modifier, pour que le PS soit "allié mais pas aligné".
Dans l'entourage d'Olivier Faure, on considère que le maire de Rouen, jusque-là inconnu des instances du parti, est "le bélier que certains utilisent pour fracturer les portes de la direction".
Dans leur viseur, Anne Hidalgo, qui "essaie de laver l'affront de la présidentielle" et Carole Delga, présidente de la région Occitanie, hostile à la Nupes, et qui veut "affaiblir la direction et empêcher toute éclosion possible" d'ici la prochaine présidentielle, selon les proches du premier secrétaire.
Parmi ses soutiens, le maire de Rouen compte aussi l'ex-président François Hollande, fâché avec Olivier Faure depuis que ce dernier a fait un inventaire critique de son mandat, mais aussi la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, candidate malheureuse à la tête du PS sur une ligne anti-Nupes.
- Pas de nouveau vote -
"Leur seul point commun: péter la gueule" à Olivier Faure, affirme l'entourage de ce dernier.
Nicolas Mayer-Rossignol dénonce, lui, "un risque certain de fracture du PS".
Il plaide pour une direction collégiale, à quatre têtes: lui, Hélène Geoffroy, le premier secrétaire et l'une de ses proches, la maire de Nantes Johanna Rolland.
Refus d'Olivier Faure, qui a proposé à ses rivaux des postes de "premiers secrétaires adjoints". Pour lui, "l'heure n'est ni à un nouveau vote, ni à des conciliabules infinis", même s'il a "conscience d'avoir obtenu une victoire claire, mais étroite".
Il faut qu'"il prenne ses responsabilités", insiste le maire de Rouen, dont les soutiens entendent dénoncer à Marseille "l'incurie de la direction".
C'est lors du Congrès que les délégués socialistes, élus par leur fédération, doivent entériner le résultat du scrutin. La direction sortante assure avoir la majorité, avec une centaine de voix. Mais ses opposants n'excluent pas de dénoncer la façon dont sont nommés ces représentants.
Olivier Faure espère que les nouveaux adhérents - 2.000 depuis l'accord de la Nupes - ne vont pas "partir en courant" avec cette crise qui détériore encore l'image du parti de quelque 25.000 encartés.
"Je peux difficilement trouver que la période est génialissime", reconnait-il.
Il souhaite que le PS soit en première ligne de la bataille contre la réforme des retraites, pour "montrer qu'on retrouve une utilité à gauche".
A.Gonzalez--HHA