Hamburger Anzeiger - Pérou: la présidente demande des élections anticipées pour sortir du "bourbier"

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Pérou: la présidente demande des élections anticipées pour sortir du "bourbier"
Pérou: la présidente demande des élections anticipées pour sortir du "bourbier" / Photo: Melina Mejia - Présidence du Pérou/AFP

Pérou: la présidente demande des élections anticipées pour sortir du "bourbier"

La présidente du Pérou a demandé au Parlement d'approuver la tenue d'élections anticipées pour sortir "du bourbier" le pays secoué par des protestations massives qui ont fait 47 morts depuis décembre.

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"Que les élections soient avancées" et puissent sortir le pays "du bourbier dans lequel nous sommes", a plaidé vendredi Dina Boluarte, la présidente par intérim, dont les manifestants réclament la démission.

Elle a dit ainsi soutenir l'initiative de l'opposition d'avancer à décembre 2023 les élections présidentielle et législatives.

Mme Boluarte dirige le Pérou depuis la destitution le 7 décembre par le Parlement de l'ancien président-élu, Pedro Castillo, ce qui a déclenché de violentes manifestations au cours desquelles 46 civils et un policier ont péri.

Son mandat à l'origine devait courir jusqu'en 2026, soit au terme du mandat qu'aurait dû accomplir son prédécesseur.

Mais pour contenir la grogne naissante, le Parlement avait décidé d'avancer les élections générales à avril 2024.

"Cependant, les protestations continuent, il y a plus de blocages et de violence", a observé Mme Boluarte.

Elle s'exprimait depuis l'aéroport de Lima, d'où étaient envoyés médicaments et matériel médical dans le sud du pays paralysé par les blocages routiers.

"Nous soumettons ce projet de loi (...) afin d'avancer les élections à décembre 2023", a-t-elle annoncé. Dès que Parlement validera cette échéance, "nous, au sein de l'exécutif, demanderons immédiatement ces élections", a-t-elle précisé.

- "Responsabilité constitutionnelle" -

"Personne n'a intérêt à s'accrocher au pouvoir (...) Je n'ai aucun intérêt à rester à la présidence", a encore assuré la présidente. Elle affirme y demeurer pour assumer sa "responsabilité constitutionnelle" et "jusqu'à ce que le Parlement (...) convoque des élections".

Le Département d'Etat américain par la voix de son porte-parole, Vedant Patel, a dit vendredi soutenir "les efforts continus pour des voies de dialogue" et a répété ses appels "au calme".

"On ne va pas attendre. Il faut que ce soit maintenant ", a réagi Sandra Zorela, une enseignante de 53 ans à Cuzco, dont les rues sont désormais désertes. La plupart des hôtels et restaurants sont fermés, les touristes n'affluant plus dans cette ville pour visiter le Machu Picchu, joyau du tourisme péruvien fermé en raison des troubles.

Eddy Longobardi, un musicien de 40 ans, dit lui que "les Péruviens, ne sommes pas intéressés par cette date" de décembre 2023. Il veut que "dans les deux mois" Mme Boluarte démissionne.

Face à la centaine de barrages routiers érigés, principalement dans le sud du pays, les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont annoncé que "la police nationale du Pérou, avec l'appui des forces armées, va effectuer le déblocage des routes".

L'autoroute centrale qui relie les Andes et constitue la principale voie d'importation de produits alimentaires vers Lima est bloquée, des centaines de camions ne peuvent pas circuler.

Ces barrages entraînent des pénuries de produits de base et de carburants, font grimper les prix et, selon le gouvernement, compliquent l'accès aux soins et l'arrivée des médicaments dans plusieurs régions.

- "Trois fois le prix normal" -

Le gouvernement a accusé les barrages d'être directement à l'origine de dix décès, dont ceux de trois enfants qui n'ont pu, selon lui, recevoir à temps les soins dont ils avaient besoin.

"Il n'y a pas de gaz ni d'essence. Dans les commerces on ne trouve que des denrées non périssables et tout est très cher, jusqu'à trois fois le prix normal", a expliqué vendredi à l'AFP Guillermo Sandino, un expert en marketing basé à Ica, à 300 km au sud de Lima.

La crise politique a également durement frappé le secteur touristique qui a perdu 5,7 millions d'euros par jour entre juin 2022 et fin janvier, selon le ministère péruvien du Tourisme.

Les manifestations se poursuivent quotidiennement, notamment dans les régions pauvres andines du Sud, qui soutenaient M. Castillo et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu'elles considèrent être le mépris de Lima.

Dans la capitale où ont convergé de nombreux Péruviens opposés à la présidente, les affrontements débutés jeudi ont repris vendredi.

La ministre des Affaires étrangères Ana Cecilia Gervasi a affirmé que le gouvernement était "tout à fait conscient des problèmes rencontrés par certaines populations historiquement vulnérables et marginalisées qui ont soutenu le président précédent".

S'exprimant lors d'une réunion virtuelle dirigée par le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken sur un partenariat économique des Amériques, la ministre a assuré que "des élections seraient organisées" au Pérou, "dans le cadre de la Constitution et de l'Etat de droit".

U.Smith--HHA