Les manifestations se poursuivent au Pérou après un nouveau mort
Le mouvement de protestation contre la présidente Dina Boluarte et le Parlement devait se poursuivre lundi au Pérou alors que samedi, pour la première fois à Lima, une personne est morte lors de manifestations qui ont dégénéré en violences.
Cela porte à 48 le nombre de victimes depuis le 7 décembre. "Les mobilisations vont continuer parce qu'il n'y a aucun signe que l'exécutif (Dina Boluarte) va démissionner", a déclaré à l'AFP le dirigeant de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP), Geronimo Lopez, qui a appelé à une marche nationale mardi après-midi sous le slogan "Dina démissionne maintenant".
"Concrètement, le peuple dit qu'il ne cessera pas sa lutte si elle ne démissionne pas", ajoute le syndicaliste alors qu'aucune sortie de crise ne se profile à l'horizon.
Les manifestants demandent la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et une Assemblée constituante.
Les troubles ont débuté le 7 décembre après la destitution et l'arrestation du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
À Lima, la "Marche nationale Dina démissionne maintenant" débutera mardi après-midi sur la place 2 de Mayo.
Elle survient après le décès de Victor Santisteban, 55 ans, d'une fracture du crâne samedi lors de manifestations dans la capitale péruvienne.
- Nouveau vote -
"Nous voulons que justice soit faite", a déclaré à la presse Elizabeth Santisteban, sœur du défunt.
Il s'agit du premier décès lors des manifestations à Lima.
Selon le Bureau du Médiateur, sept personnes sont toujours hospitalisées après les manifestations à Lima, dont une dans un état grave. De même source, 28 policiers ont été blessés lors de ces affrontements.
La semaine dernière, Mme Boluarte avait déclaré à la presse étrangère que les groupes à l'origine des manifestations violentes "cherchaient à faire un mort à Lima".
"On dit qu'un mort à Lima en vaut cent dans la province", avait-t-elle déploré.
La colère est montée d'un cran samedi quand le Parlement a refusé la proposition de Mme Boluarte d'avancer les élections à cette année pour tenter de calmer les protestations.
Lundi, le parlement péruvien, réuni à partir de 10h locale (15h GMT) votera à nouveau sur la proposition d'avancer les élections générales à 2023 mais de nombreux observateurs sont sceptiques alors qu'une majorité de députés avait déjà refusé la proposition samedi matin.
"Je regrette que le Parlement ne soit pas parvenu à un accord, je les exhorte à faire passer les intérêts du pays avant les intérêts des partis", a déclaré Mme Boluarte dans une interview accordée au journal Trome dimanche.
La proposition présentée par le député pro-Fujimori Hernando Guerra Garcia, du parti de droite Fuerza Popular (FP), avait été rejetée par 65 voix contre 45. Samedi, la gauche avait insisté pour introduire un amendement prévoyant un référendum sur une Assemblée constituante, contribuant à l'échec du projet de loi.
La nouvelle proposition prévoit des élections en octobre.
"La vérité c'est qu'ils (les députés) jouent avec le feu. Leur vision est un déni total de la réalité. Ils aimeraient rester jusqu'en 2026 (fin de leur mandat)", estime l'analyste Giovanna Peñaflor d'Imasen, un cabinet de recherche sociologique et politique.
"La situation va s'aggraver. Aujourd'hui, nous avons un nombre important de décès liés à la politique et cela ne peut pas continuer ainsi", a-t-elle déclaré.
Selon une enquête de l'Institut d'études péruviennes (IEP), 73% des Péruviens réclament des élections cette année. 89% désapprouvent l'attitude du Parlement, discrédité dans l'opinion depuis des mois déjà.
A.Dankwers--HHA