Sommet UE-Ukraine vendredi à Kiev, un "signal fort" envoyé à Moscou
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a confirmé mardi la tenue d'un sommet Ukraine-UE vendredi à Kiev, disant que celui-ci devait envoyer un "signal fort" y compris à Moscou, près d'un an après le début de l'invasion russe.
De son côté, l'armée russe, à l'offensive ces derniers jours, a revendiqué mardi la conquête d'un village près de Bakhmout, point chaud des combats dans l'Est de l'Ukraine.
Le sommet est un point de passage important, plusieurs mois après l'obtention par Kiev du statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne.
"Le fait que ce sommet se tienne à Kiev est un signal fort adressé tant à nos partenaires qu'à nos ennemis", s'est félicité M. Chmygal lors d'une réunion gouvernementale, disant "attendre du sommet une évaluation intermédiaire positive de nos efforts pour l'intégration européenne".
Les deux journées à forte conotation diplomatique doivent permettre à "l'Europe de croire en la victoire de l'Ukraine", a-t-il encore insisté.
- "Entre 120 et 140" chars occidentaux -
Ce volet de discussions intervient quelques jours après que les Occidentaux ont donné leur feu vert --après de longues tergiversations-- pour livrer à l'armée ukrainienne des chars lourds extraits de leur arsenal, une première depuis près d'un an.
Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, l'Ukraine attend "entre 120 et 140" tanks occidentaux pour repousser l'armée russe qui a récemment intensifié son offensive.
L'Ukraine avait précédemment indiqué qu'il lui faudrait plusieurs centaines de ces chars lourds, des missiles de longue portée et des avions pour pouvoir mener des contre-offensives à même de reconquérir les territoires ukrainiens occupés par la Russie.
D'autant que le processus de livraison pourrait prendre des mois, selon plusieurs chancelleries, du fait de la nécessité d'organiser la maintenance des chars sur place et la formation des militaires ukrainiens.
Paris a de son côté annoncé mardi que la France allait fournir à l'Ukraine douze canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des 18 déjà livrés.
Mais ces pièces très précises et mobiles n'ont pas la portée de plus de cent kilomètres dont l'Ukraine dit avoir besoin pour détruire les lignes d'approvisionnement et les dépôts de munitions russes.
Le président américain Joe Biden a, lui, indiqué mardi qu'il allait discuter avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de ses besoins en armes.
"Nous allons parler", a-t-il dit à un groupe de journalistes à la Maison Blanche après avoir répondu la veille par la négative à une question sur son intention de fournir des avions de combat F-16 à l'Ukraine, qui les réclame.
Les Occidentaux craignent qu'un soutien militaire encore plus massif puisse pousser le Kremlin à l'escalade, alors que la Russie martèle qu'Américains et Européens lui ont déclaré une guerre par procuration.
- "C'est très tendu" -
De nombreux observateurs estiment que Moscou et Kiev préparent chacun un assaut à la fin de l'hiver ou au printemps.
"Des sources occidentales, ukrainiennes et russes continuent d'indiquer que la Russie se prépare à une offensive imminente, soutenant l'évaluation de l'ISW selon laquelle une offensive dans les mois à venir est la suite la plus probable", a écrit mardi l'Institut pour l'étude de la guerre, basé aux Etats-Unis.
Sur le terrain, les forces russes semblent déterminées à reprendre l'initiative, après les revers de l'automne qui les ont forcées à la retraite dans le nord-est et le sud du pays.
Mardi, le ministère russe de la Défense a revendiqué dans son point de situation quotidien que "la localité de Blagodatné avait été libérée", près de Bakhmout, après une offensive d'"unités d'assaut de volontaires" appuyées par l'aviation et l'artillerie.
Les volontaires sont l'euphémisme utilisé en Russie s'agissant des groupes paramilitaires --surtout ceux du groupe Wagner-- combattant avec l'armée.
Le patron de Wagner, le sulfureux Evguéni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Blagodatné samedi, ce que Kiev avait démenti.
Ses hommes ont par ailleurs conquis en janvier la petite ville de Soledar, au prix de lourdes pertes, et des villages avoisinants.
Les forces ukrainiennes assurent cependant que Bakhmout reste fermement sous leur contrôle.
"Les troupes russes ont été incapables de couper la route de ravitaillement des forces armées" ukrainiennes, a affirmé un porte-parole militaire ukrainien, Serguiï Tcherevaty.
Les forces russes ont également lancé une offensive 150 km plus au sud pour prendre Vougledar, une ville d'environ 15.000 habitants avant-guerre, située au sud-ouest de la ville de Donetsk qui est aux mains des Russes depuis 2014.
"C'est très tendu. Plus le temps passe, plus la situation empire", déplore auprès de l'AFP Oleksandre, 45 ans, un soldat ukrainien qui tire au mortier depuis son poste installé à tout juste 5 kilomètres de Vougledar.
Th.Frei--HHA