Ukraine : Zelensky jure de défendre la "forteresse" Bakhmout
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré vendredi que son pays défendrait "aussi longtemps qu'il le pourrait" la ville-clé de Bakhmout (est), en recevant à Kiev des dirigeants européens venus soutenir la candidature de l'Ukraine à l'Union européenne.
Près d'un an après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Bakhmout est devenue l'épicentre des combats et les forces de Moscou ont obtenu ces dernières semaines de petits gains territoriaux dans la région au prix de lourdes pertes.
"Personne n'abandonnera Bakhmout (...) Nous nous battrons aussi longtemps que nous le pourrons", a déclaré M. Zelensky à l'issue d'un sommet avec de hauts responsables européens, qualifiant cette ville de "forteresse".
"Si les livraisons d'armes (occidentales à Kiev) s'accélèrent, notamment d'armes de longue portée, non seulement nous n'allons pas nous replier de Bakhmout, (mais) nous allons commencer à mettre fin à l'occupation du Donbass", une région de l'est en partie aux mains des Russes, a-t-il ajouté.
De la fumée s'élevait du centre-ville, tandis que des hélicoptères militaires ukrainiens survolaient des plaines gelées en rase-mottes pour éviter d'être repérés et abattus.
Selon les autorités, quelque 6.500 habitants se trouvent encore dans cette ville qui en comptait environ 70.000 avant la guerre.
Jeudi, une personne a été tuée et sept ont été blessées dans une attaque contre un véhicule transportant des secouristes volontaires, selon les autorités locales.
Oleksandre Tkatchenko, 65 ans, dit s'être précipité avec d'autres voisins pour extirper une femme de la carcasse du véhicule. Ce n'était "clairement" pas une cible militaire, car la voiture "était rouge", dénonce-t-il.
Les bombardements se sont également poursuivis à Kherson, une grande ville du sud prise puis abandonnée par les Russes, où une personne a été tuée et une blessée vendredi, d'après les autorités.
- Nouvelle aide militaire américaine -
Le même jour, à Washington, les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire, de plus de deux milliards de dollars, à l'Ukraine comprenant "des capacités cruciales de défense antiaérienne", ainsi que "des véhicules d'infanterie blindés" et des munitions pour le système Himars de lance-roquettes
Pendant ce temps, à Kiev, le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et d'autres hauts représentants de l'UE se sont réunis avec M. Zelensky.
Le chef de l'Etat ukrainien a affirmé que Kiev ne perdrait pas "un seul jour" pour avancer vers l'entrée dans l'Union européenne, ajoutant vouloir entamer les négociations à ce sujet dès "cette année".
Les dirigeants européens ont salué dans un communiqué les "efforts considérables" fournis par l'Ukraine malgré la guerre, soulignant "les progrès" dans la création d'institutions "indépendantes et efficaces" chargées de lutter contre la corruption qui ronge ce pays.
"Nous avons répété que la mise en place de réformes judiciaires profondes et cohérentes (...) restait essentielle" pour permettre au processus d'intégration d'avancer, ont-ils néanmoins ajouté, sans évoquer de calendrier précis.
"L'Ukraine c'est l'UE, l'UE c'est l'Ukraine", a lancé Charles Michel à l'issue du sommet à Kiev, où des sirènes d'alerte ont retenti à deux reprises dans la journée.
L'Ukraine est officiellement candidate à l'adhésion à l'Union européenne depuis juin 2022, un processus ardu requérant de nombreuses réformes qui pourrait durer des années.
- Utiliser les avoirs russes ? -
Ursula von der Leyen a assuré travailler à de nouvelles sanctions contre la Russie pour le 24 février, date du premier anniversaire de l'invasion. Elle n'a pas donné le détail de ses intentions pour ce dixième paquet, mais a jugé que ce pays devrait "payer pour les destructions qu'il a causées".
Elle a estimé que les mesures punitives prises depuis un an avaient déjà fait reculer l'économie russe d'"une génération", notant que le plafonnement du prix du pétrole russe exporté à 60 dollars le baril coûtait à Moscou 160 millions d'euros par jour.
Un embargo européen sur les produits pétroliers raffinés russes envoyés à l'étranger par voie maritime doit d'ores et déjà entrer en vigueur dimanche, le Kremlin ayant quant à lui fustigé vendredi une mesure "négative" qui va "déséquilibrer davantage" les marchés.
Dans leur déclaration commune après le sommet, les dirigeants européens ont également dit vouloir "intensifier" les efforts "en vue d'utiliser des avoirs gelés de la Russie pour soutenir la reconstruction de l'Ukraine et à des fins de réparation, conformément au droit européen et au droit international".
L'Ukraine et certains de ses alliés réclament une telle mesure depuis plusieurs mois, mais celle-ci poserait plusieurs problèmes d'ordre légal.
Dans l'autre camp, la Russie a annoncé vendredi avoir "nationalisé" quelque 500 actifs appartenant en particulier à des oligarques ukrainiens en Crimée, une péninsule annexée en 2014 par Moscou.
U.Smith--HHA