Les Chypriotes votent pour élire leur président dans un scrutin serré
Les Chypriotes votent dimanche lors d'un scrutin présidentiel serré entre trois candidats, l'électorat étant préoccupé par les scandales de corruption et l'inflation galopante sur l'île divisée depuis près d'un demi-siècle.
A 12H00 locales (10H00 GMT), le taux de participation était de 33,7%, soit une augmentation de 3,5% par rapport à la dernière présidentielle (2018), selon des chiffres officiels.
Quatorze candidats, dont trois en tête, se présentent face à plus de 561.000 électeurs dans la partie sud de l'île pour succéder au président de droite Nicos Anastasiades.
Selon les sondages, aucun ne serait en mesure de remporter la majorité absolue. Un second tour serait alors organisé le 12 février.
Ouverts à 07H00 (05H00 GMT), les 1.113 bureaux de vote ferment à 18H00 (16H00 GMT) avec une pause d'une heure en milieu de journée.
Membre de l'Union européenne depuis 2004, Chypre est divisée depuis l'invasion turque en 1974 du tiers nord de l'île, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs souhaitant rattacher le pays à la Grèce.
La République de Chypre n'exerce son autorité que sur sur la partie sud de l'île [chypriote grecque], séparée par la Ligne verte contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara, où vivent les Chypriotes-turcs.
"Ce n'est que par l'unité (...) que nous pourrons vraiment répondre aux attentes du peuple chypriote", a déclaré Nikos Christodoulides, donné favori,après avoir voté.
Soutenu par les partis centristes, ce diplomate de 49 ans qui se présente comme "indépendant", a été ministre des Affaires étrangères du président Anastasiades entre 2018 et 2022.
Ses principaux adversaires sont Andreas Mavroyiannis, diplomate de 66 ans soutenu par le parti communiste Akel et ancien chef négociateur dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022), ainsi qu'Averof Neofytou, 61 ans, leader du parti conservateur au pouvoir, Disy.
Hubert Faustmann, professeur de politique et d'histoire à l'Université de Nicosie, parle d'un scrutin "étrange" où "les trois favoris sont liés à l'actuel président", qui à 76 ans achève deux mandats de cinq ans.
- Corruption et migrants -
Premier défi pour le nouveau dirigeant: l'inflation, qui a atteint 10,9% en 2022. Malgré un ralentissement en janvier, à 7,1%, la hausse des prix, notamment de l'énergie et de la nourriture, reste en tête des préoccupations et le pays a connu fin janvier une grève générale.
La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat, notamment après le scandale des "passeports en or", dispositif qui a dû être annulé en raison d'allégations de corruption, entachant l'image du gouvernement de M. Anastasiades.
"La corruption est au cœur du débat, comme l'économie et la vie quotidienne. Le problème de Chypre [la division] est un sujet secondaire", estime Giorgos Kentas, professeur à l'Université de Nicosie.
A la sortie d'un bureau de vote dans la capitale, Dorita, secrétaire, estime que le "nouveau président " devra se "concentrer" sur les questions économiques qui suscitent le "plus de colère".
L'afflux de migrants, pour lequel les candidats ont promis d'agir, est un autre sujet sensible sur cette île de l'est de la Méditerranée. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.
- Pourparlers à l'arrêt -
Chypre détient le deuxième taux le plus élevé de primo-demandeurs d'asile par rapport à sa population dans l'Union européenne, derrière l'Autriche.
Nicosie reproche à Ankara d'orchestrer une bonne partie de l'arrivée des réfugiés syriens et de migrants africains via la Ligne verte.
Le futur président sera justement appelé à relancer les pourparlers sur la réunification, au point mort depuis 2017.
Sur ce dossier, M. Christodoulides est considéré comme un "faucon" et souhaite que l'UE isole la Turquie.
M. Neofytou est vu comme un pragmatique, tandis que M. Mavroyiannis a assoupli sa position pour être en accord avec la ligne du parti Akel.
Le processus diplomatique parrainé par l'ONU achoppe notamment sur la présence de 40.000 soldats turcs en RTCN.
F.Schneider--HHA