Biden, en optimiste en chef, veut livrer au Congrès un message d'unité et de justice
Il veut "finir le travail": Joe Biden, qui envisage de se représenter en 2024, va livrer mardi devant le Congrès un message "d'unité" politique, de soutien aux "oubliés" de la croissance et de confiance dans la démocratie américaine, selon lui "meurtrie" mais "préservée".
"L'histoire de l'Amérique est une histoire de progrès et de résilience", va dire le président américain, selon des extraits de son "discours sur l'état de l'Union" diffusés à l'avance par la Maison Blanche.
Sur cette grande allocution annuelle de politique générale, par laquelle tout président américain remplit son obligation constitutionnelle d'informer le Congrès, plane déjà la perspective de la présidentielle de 2024. Et donc d'un match retour entre Joe Biden, pas encore officiellement dans la course, et son prédécesseur Donald Trump.
Déjà en campagne, le milliardaire républicain se présente en homme providentiel, seul capable de sauver l'Amérique d'un "déclin" généralisé.
- Déprime -
L'ancien président veut capitaliser sur la réelle déprime de la première puissance mondiale. Un sondage CBS/YouGov a demandé aux Américains de choisir le terme décrivant justement "l'état" de leur pays. Le premier qui leur vient à l'esprit? "Divisé" (62%), devant "en déclin" (49%) et "faible" (41%). Loin derrière: "fort" (13%), "prospère" (11%) et "uni" (10%).
Mardi, Joe Biden veut au contraire se donner le rôle d'optimiste en chef. Il assurera que la démocratie américaine, bien que "meurtrie" comme l'a montré le 6 janvier 2021 l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, reste "préservée et inviolée."
Face au marasme ambiant, le démocrate de 80 ans, encombré par son âge et par des sondages en général calamiteux, espère toujours rallier les Américains à son projet économique.
Il promettra mardi d'oeuvrer pour les "oubliés" de la croissance. "Trop de gens ont été laissés pour compte ou traités comme s'ils étaient invisibles", va déclarer le démocrate.
- Taxer les très riches -
"Middle class Joe", comme il aime à se présenter, appellera à taxer plus lourdement les très riches et les grandes entreprises qui gâtent leurs actionnaires.
Centriste dans l'âme, Joe Biden appellera aussi à ce que les démocrates et les républicains travaillent ensemble.
A l'opposition conservatrice, désormais maîtresse de l'une des chambres du Congrès, il dira: "Le conflit pour le conflit, cela ne mène à rien".
Le démocrate réclame de pouvoir "finir le travail", en concrétisant les promesses qui l'ont porté à la Maison Blanche: guérir "l'âme" de l'Amérique, "reconstruire" la classe moyenne et "unifier le pays".
Ce message de confiance et d'unité tombera à plat chez les conservateurs, qui ont déjà engagé une dure bataille parlementaire, en particulier sur les questions budgétaires.
L'une des inconnues de la soirée sera d'ailleurs le comportement pendant le discours des parlementaires de la droite radicale, montés en puissance pendant le mandat de Donald Trump, et dont certaines figures, comme Marjorie Taylor Greene, jouent désormais un rôle clé au Congrès.
Comme l'an dernier - il était venu devant le Congrès quelques jours après l'invasion de l'Ukraine - les périls géopolitiques vont jouer un rôle important dans le discours de Joe Biden.
Il voudra vanter son rôle d'architecte de la riposte occidentale face à la Russie.
- Ballon chinois et violences policières -
Mais le président américain sera surtout attendu sur la Chine: l'affaire du ballon chinois abattu samedi après avoir survolé le territoire américain pendant plusieurs jours lui vaut des reproches de faiblesse à droite.
Joe Biden voudra aussi aborder des sujets susceptibles de mobiliser l'électorat démocrate, qui selon les sondages ne veut pas le voir repartir en campagne.
La liste des invités de la Maison Blanche en donne un aperçu.
Seront présents les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain mort après avoir été passé à tabac par des policiers à Memphis; un couple de lesbiennes; et une Texane qui a failli mourir des suites d'une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l'avortement.
H.Beehncken--HHA