En visite surprise à Londres, Zelensky demande des avions à ses alliés
En visite surprise à Londres, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi ses alliés, encore réticents, à aller plus loin dans leur soutien en fournissant des avions de combat à Kiev pour repousser la Russie.
A quelques jours du premier anniversaire de l'invasion lancée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février 2022, l'Ukraine s'inquiète que les chars promis récemment par les Occidentaux arrivent trop tard face aux succès récents de l'armée russe dans le Donbass, dans l'Est ukrainien, et craint une offensive d'ampleur dans les semaines à venir.
Après un entretien au 10, Downing Street, il s'est adressé au Parlement britannique dont les deux chambres étaient réunies dans le cadre grandiose du Westminster Hall, vaste salle qui a accueilli de rares dirigeants étrangers, comme le Français Charles de Gaulle en 1960 mais aussi le cercueil de la reine Elizabeth II en septembre dernier.
Ovationné par les parlementaires, le dirigeant ukrainien, dans sa désormais familière tenue militaire kaki, a remercié de manière appuyée Londres pour son soutien depuis un an, mais répété que cela ne suffisait pas.
"Je vous demande, à vous et au monde, des mots simples mais pourtant très importants: des avions de combat pour l'Ukraine, des ailes pour la liberté", a déclaré M. Zelensky, avant de conclure par des remerciements "pour le thé anglais délicieux" et "d'avance pour les avions britanniques".
"Nous savons que la liberté va l'emporter, nous savons que la Russie va perdre", a-t-il estimé, décrivant une victoire ukrainienne comme "une victoire contre l'idée même de guerre", qui découragera "n'importe quel agresseur" dans le monde.
Il doit rencontrer dans l'après-midi le roi Charles III, puis rendre visite à des troupes ukrainiennes en formation dans le sud-ouest de l'Angleterre.
- Former des pilotes -
Livrer des avions: les Occidentaux se sont montrés réticents pour l'instant à franchir ce pas supplémentaire dans l'aide à l'Ukraine, après avoir accepté dans la douleur en janvier de débloquer des chars lourds, promis par Londres, Washington et surtout Berlin.
Le président américain Joe Biden a écarté l'idée de livrer des avions, tandis que Rishi Sunak a estimé la semaine dernière que cela nécessiterait des "mois", voire des "années" de formation pour les pilotes.
Le chef du gouvernement conservateur britannique a cependant semblé ouvrir la porte à une telle idée, promettant mercredi à Volodymyr Zelensky à la fois une augmentation "immédiate" de l'aide militaire, avec notamment des capacités à plus longue portée qu'actuellement, mais aussi la formation de pilotes d'avions de chasse "afin de garantir que l'Ukraine puisse défendre son espace aérien à l'avenir."
"Cette formation permettra aux pilotes d'être en mesure de piloter des avions de combat sophistiqués répondant aux normes de l'Otan", tels que réclamés par Kiev, a précisé Downing Street.
Londres a également annoncé un renforcement de ses sanctions contre le secteur de la défense russe et notamment la production de drones.
- Victoire "décisive" -
Le Royaume-Uni a fourni à Kiev 2,3 milliards de livres (2,5 milliards d'euros) d'aide militaire l'an dernier. Le gouvernement s'est engagé à maintenir cette année ce niveau d'aide, le deuxième dans le monde après les Etats-Unis.
Londres a livré des armes létales à l'armée ukrainienne avant même le lancement de l'invasion russe et a été le premier pays à annoncer en janvier son intention de lui envoyer des chars lourds(14 Challengers 2).
"Nous continuerons à soutenir l'Ukraine pour permettre une victoire militaire décisive sur le champ de bataille", a assuré Rishi Sunak au Parlement avant l'intervention de M. Zelensky.
C'est la deuxième fois que Volodymyr Zelensky quitte le territoire ukrainien depuis un an. Lors d'une visite de quelques heures le 21 décembre à Washington, il avait été reçu à la Maison Blanche par Joe Biden et s'était exprimé devant le Congrès américain, dont les élus des deux chambres l'avaient ovationné.
Depuis, l'armée russe, épaulée par les paramilitaires du groupe Wagner et renforcée par des centaines de milliers de civils mobilisés, est repassée à l'attaque, en particulier dans le Donbass, dont Moscou revendique l'annexion.
Pour autant, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit convaincu mercredi que Vladimir Poutine "n'atteindrait pas ses objectifs", ni sur "le champ de bataille", ni en "imposant un traité de paix".
"L'Ukraine appartient à l'Europe, son avenir est dans l'Union européenne! Et cette promesse compte", a estimé devant le Bundestag M. Scholz.
L.Keller--HHA