Twitter inaccessible en Turquie, où les critiques en ligne fusent contre la réaction des autorités face au séisme
Twitter est devenu inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs mercredi, sur fond de multiplication des critiques en ligne visant la réponse du gouvernement au séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est rendu dans la province d'Hatay (sud), l'une des plus touchées, à la frontière syrienne, a reconnu des "lacunes" dans la gestion de cette tragédie. Il a toutefois fustigé les critiques "malhonnêtes", estimant qu'il est "impossible d'être préparé à un désastre pareil".
Les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent d'un manque d'efforts de secours et de recherches des victimes dans leurs régions, en particulier dans celle d'Hatay.
Les journalistes de l'AFP n'ont pas pu se connecter à Twitter en Turquie, qui restait accessible via des comptes VPN masquant la localisation de l'utilisateur.
L'organisme de surveillance de la gouvernance de l'internet netblocks.org a souligné que l'accès à Twitter avait été restreint puis totalement bloqué via les plus importants fournisseurs d'accès à internet en Turquie.
"Ce filtrage risque d'avoir un impact sur les opérations de sauvetage" des victimes, a déploré Netblocks.org, ajoutant que la Turquie avait "une longue histoire de restrictions (dans l'usage) des réseaux sociaux lors de situations d'urgence nationale et d'incidents de sécurité".
Les responsables turcs n'ont dans l'immédiat fait aucune déclaration sur les perturbations affectant Twitter.
Mais ils avaient adressé à plusieurs reprises des mises en garde contre la propagation de la désinformation avant l'élection présidentielle du 14 mai -jour où se dérouleront aussi des législatives-, au cours de laquelle M. Erdogan brigue un nouveau mandat après 20 ans au pouvoir.
"Stop à cette honte immédiatement", a affirmé Kemal Kilicdaroglu, le chef du principal parti d'opposition CHP. "Nous savons déjà tout ce qu'ils veulent cacher".
La cheffe du parti d'opposition nationaliste Iyi, Meral Aksener, a affirmé que Twitter était nécessaire pour "relayer les besoins des victimes du séisme". "C'est quoi cet enfer ?", a-t-elle ajouté.
Les deux dirigeants politiques font partie de la "Table des Six", le nom donné à l'alliance de six partis d'opposition qui tentent de s'accorder pour faire barrage au chef de l'Etat.
Au-delà de la sphère politique, la star turque du rock Haluk Levent, qui compte 7,2 millions d'abonnés sur Twitter et qui aide les victimes, a tweeté : "Et maintenant on fait comment ?"
La police turque a arrêté plus de douze personnes depuis le tremblement de terre de lundi pour des publications, sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement turc a géré la catastrophe.
Des secouristes parviennent encore mercredi à retrouver des survivants dans les décombres, même si les chances de survie s'amenuisent, deux jours après le terrible séisme dont le bilan ne cesse de s'alourdir et dépasse désormais les 11.700 morts en Turquie et en Syrie.
A.Dankwers--HHA